Si l'accord entre Washington et Bagdad est adopté en l'état, et si le président américain élu accélère, comme il le promet, le retrait des forces américaines d'Irak, George Bush, qui a refusé d'accepter un retrait d'Irak sans conditions, n'aura pas atteint les objectifs qu'il s'était fixés en envahissant ce pays en 2003. L'administration Bush s'est attelée depuis quelques jours à présenter sous son meilleur jour l'accord approuvé la veille par le gouvernement irakien sur la présence de l'armée américaine en Irak. Il a fallu beaucoup d'efforts pour venir à bout de la résistance du président Bush qui avait du mal à accepter que les soldats américains aient tous quitté l'Irak avant le 31 décembre 2011, quelles que soient les conditions sur le terrain. C'est ce qui a été révélé par des officiels américains et irakiens. En effet, le patron de la Maison-Blanche a rejeté pendant des mois tout calendrier "arbitraire" qui ne prendrait pas en compte les réalités irakiennes. "Nous prendrons nos décisions à partir des conditions régnant sur le terrain, des recommandations de nos commandants, et il n'y aura pas de calendrier artificiel fixé par la politique", affirmait-il en juin 2008. En effet, en dépit de la très forte désapprobation de l'opinion publique américaine et internationale, Bush a longtemps rejeté toute idée de retrait, avant de céder à la mi-2008, plus de cinq ans après le début de la guerre, à parler de date du sujet. Ce qui est plus décevant pour Bush est que cet accord peut être remis en cause dès le 20 janvier 2009 par le futur locataire du bureau ovale, qui pourrait accélérer le retrait, comme cela a été admis par la porte-parole de M. Bush, Dana Perino. Cette dernière tentera néanmoins de donner le beau rôle à Bush dans cette histoire de retrait en affirmant que si les Américains peuvent se retirer, c'est "grâce à la décision visionnaire" prise par M. Bush de dépêcher 30 000 soldats en renfort en 2007 quand le pays menaçait de sombrer dans le chaos, grâce à l'amélioration de la sécurité et grâce aux progrès des forces irakiennes. Dan Perino a concédé toutefois que 2011 était une date "ferme", et qu'il a fallu "concéder certains points". Elle ajoute : "Nous allons tout simplement de succès en succès sur le front de la sécurité en Irak", et que les Irakiens voient désormais la perspective de pouvoir "se gouverner, pourvoir à leurs besoins et se défendre par eux-mêmes". Par ailleurs, selon le porte-parole du gouvernement irakien Ali El-Dabbagh ou le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, il n'y aura en tout état de cause plus de soldats américains en Irak après le 31 décembre 2011 si l'accord actuel est adopté par le parlement irakien. Cela étant, la guerre en Irak aura été l'un des aspects les plus controversés de la présidence Bush quand les armes de destruction massive invoquées pour la justifier sont restées introuvables, quand ont été révélés les abus commis à la prison d'Abou Ghraïb ou quand le conflit a menacé de tourner à la guerre civile. Plus de 4 000 soldats américains sont morts en Irak, dans une guerre qui a coûté des centaines de milliards de dollars. Pis, d'après les analystes, elle aura considérablement renforcé le voisin iranien, l'ennemi juré de George Bush. Merzak T.