L'Algérie, par la voix du représentant personnel du président de la République, a appelé les pays riches à soutenir l'Afrique par des programmes d'adaptation et coopérer plus largement en matière de recherche-développement et de transfert des technologies. La nécessité de définir une position africaine commune pour une meilleure adaptation du continent aux changements climatiques a été réaffirmée hier à Alger, à l'ouverture des travaux de la conférence africaine, des ministres de l'Environnement sur les changements climatiques pour l'après-2012. Parent pauvre de l'accord de Kyoto, un peu mieux lotie par celui de Bali de décembre 2007, l'Afrique encore marginalisée entend présenter “une plate-forme et une position commune pour permettre au continent de se faire entendre d'une seule voix”, a déclaré, Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme qui préside la conférence. Il a exhorté ainsi les participants à œuvrer pour une démarche “commune” et “forte” des Africains en guise de plate-forme, en prévision des sommets de Poznan (Pologne), en décembre prochain, et Copenhague (Danemark), en 2009. De son côté, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies sur les changements climatiques, l'ancien président botswanais Festus Gontebanye Mogae, a souligné que les crises financière, alimentaire, sanitaire, très difficiles à surmonter pour les pays africains sont exacerbées par la crise climatique. Le commissaire à l'Agriculture et au Développement rural de l'Union africaine (UA), Mme Rhoda Peace Tumusine, a affirmé, de son côté, que l'Afrique a des défis à relever, considérant, à cet égard, la conférence d'Alger comme un jalon dans les efforts consentis au niveau international. M. Kanté Dakary, directeur au programme des Nations unies pour l'environnement, a relevé, pour sa part, la disponibilité des pays africains à se mobiliser pour la lutte contre la pollution atmosphérique. Le secrétaire exécutif de la Convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques, M. Yvo de Boer, a appelé les pays africains, tout comme le reste du monde, à opter pour une croissance verte. Le secrétaire général de l'Organisation mondiale de la météorologie, M. Michel Jarraud, a, quant à lui, mis l'accent sur la formation des compétences en Afrique dans le domaine des prévisions météorologiques, alors que le directeur du Pnud pour l'Afrique, M. Jean-Christophe Deberre, a plaidé pour un “partenariat” prenant notamment en compte l'intérêt des pays les plus touchés par les changements climatiques. La présidente du Conseil et directrice générale du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), Mme Monique Barbut, a estimé que les décisions prises à Alger seront d'une “grande importance” pour que l'Afrique fasse entendre sa voix et plaide pour la prise de décision en fonction des enjeux globaux en prenant en compte la situation économique mondiale. “Avec la crise financière actuelle, nous devrons être beaucoup plus réalistes sur les solutions à envisager au cours des négociations à venir” a-t-elle recommandé. “L'Afrique est un continent vulnérable au changement climatique. Représentant 14% de la population mondiale, l'Afrique n'a pas contribué historiquement au changement climatique et n'est responsable que de 3,5% des émissions mondiales. Avec des ressources forestières (17% du patrimoine mondial), elle constitue de ce fait un puits net. Elle n'en est pas moins le continent le plus affecté et le plus vulnérable au changement climatique”, dira dans son intervention Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République. M. Belkhadem a souligné, entre autres, la faiblesse des financements pour assister les pays du Tiers-Monde, notamment l'Afrique, précisant que les questions attenantes aux transferts des technologies n'ont toujours pas trouvé de réponses adéquates. Il reconnaîtra, cependant, que les pays d'Afrique n'ont pas assez renforcé leurs capacités de négociations et d'élaboration de projets en nombre suffisant. En soulignant les effets dangereux du changement climatique sur le bien-être des pays, les écosystèmes et le progrès socioéconomique, M. Belkhadem rappellera que “la décision d'Addis-Abeba constitue un appel pressant aux pays développés à respecter et renforcer leurs engagements en matière de réduction d'émission de gaz à effet de serre, à stimuler le marché du carbonne, à soutenir en Afrique des programmes d'adaptation et coopérer plus largement en matière de recherche-développement et de transfert des technologies”. Nabila SaIdoun