Aujourd'hui, bien des choses ont changé : l'Amérique est endettée, surendettée. Et l'impossibilité d'arrêter la spirale : il y va du modèle américain. Les citoyens américains vivent d'emprunts et de crédits qu'ils ont de plus en plus de mal à rembourser et beaucoup de pays aujourd'hui ont des prétentions à cette richesse mondiale à laquelle ils participent activement : d'abord l'Europe, le Japon, puis la surprise, la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Argentine, le Mexique, et les dragons asiatiques, la Corée du Sud, la Malaisie, Taiwan, dont certains ont appris les leçons et longuement médité l'expérience, surtout ceux — hormis le Japon, la Corée du Sud et Taiwan — qui ne doivent rien à l'Amérique ni au reste de l'Occident. Ces derniers se feront tirer l'oreille pour avancer l'argent qui manque à l'Amérique ou bien négocieront des concessions américaines. On dit bien que dans toutes ces faillites bancaires, le système consiste à privatiser les profits et à socialiser les pertes. Avec la dernière réunion du G20, il s'est agi d'internationaliser ces pertes. Il est exclu que le FMI applique aux Etats-Unis ce qu'il a imposé aux autres pays, en exigeant des Etats-Unis d'appliquer un plan d'austérité pour rétablir ses comptes et ses grands indicateurs. Pour la bonne raison qu'il existe un gros risque de troubles sociaux aux Etats-Unis où tout le monde est armé… Alors, il ne faut pas s'étonner que le Premier ministre britannique et le directeur du FMI fassent du porte-à-porte dans plusieurs pays à excédents monétaires pour participer à l'effort de sauvetage de l'Amérique. Rien de plus, rien de moins. Peut-être que ces pays paieront. Pour cette fois encore. Probablement moins, ou pas du tout, pour les prochaines : les Etats-Unis sont appelés à devenir une puissance économique moyenne après avoir été, si brièvement, la seule puissance mondiale après la chute du mur de Berlin : il ne restera plus qu'à demander aux Américains de réduire leur insolent train de vie. Dramatique pour le FMI. Après la bulle monétaire, et pour l'essentiel, la bulle financière : après l'irruption des taux de change aléatoires, la financiarisation de l'économie mondiale, soumettant l'économie réelle aux banques et autres établissements financiers accentuant l'impersonnalisation de l'économie, des patronats et des entreprises. La bulle de l'Internet, en éclatant, n'a mis sur le carreau que les opérateurs qui s'y sont frottés et qui ont pris des risques devant un marché qui semblait mirifique. Le secteur étant nouveau sans grand rapport à l'économie réelle, les pertes boursières, commerciales et en termes d'arrêt des activités ont été limitées dans leurs effets sur la seule filière. Avec la crise dite financière, et l'argent n'ayant pas d'odeur, le manque de liquidités affecte le fonctionnement des entreprises. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, les banques se font tirer sérieusement l'oreille pour consentir des crédits. Et comme la confiance ne règne plus, même entre banques, la circulation des capitaux a très sérieusement ralenti. Il ne s'agit plus d'un simple manque de confiance entre banques qui sont, quoi que l'on dise, toujours condamnées à s'entendre, entre honnêtes gens, ou entre requins. C'est plus grave, l'assèchement des capitaux affecte l'économie réelle, et la situation s'éternisant, la méfiance s'installe. Non seulement vis-à-vis des entreprises, mais aussi vis-à-vis des Etats, de la croissance, la conjoncture, l'avenir et même des gouvernements qui peinent à connaître l'ampleur même de la crise. Déjà, comme premier effet notable, le pétrole est descendu jeudi à moins de 50 dollars : un démenti rapide et cinglant pour ceux qui disaient à la fin de septembre et octobre que l'Algérie est à l'abri des effets de la crise. Et bientôt, une baisse du dollar que d'aucuns prévoient comme dramatique. Mokhtar H.