Nirane Sadiqa, ce qu'on pourrait traduire approximativement par “faux amis”, car le titre n'a pas encore été choisi en langue française, est le nouveau roman d'Alaa Al Aswany. Sorti d'abord en arabe, en ?gypte, il y a une dizaine de jours, les 3 000 exemplaires publiés sont déjà épuisés. En effet, après le succès fulgurant de ses deux romans l'Immeuble Yacoubian et Chicago, Alaa Al Aswany — une valeur sûre de la littérature égyptienne… mondiale — publie Nirane Sadiqa : un roman écrit à la première personne où le personnage principal déteste son pays l'?gypte et le critique avec virulence. Ce roman a causé quelques soucis à son auteur avant sa publication en ?gypte. En fait, Alaa Al Aswany s'est d'abord adressé à l'?tat et à l'institution qui le représente, c'est-à-dire le ministère de la Culture, mais jugeant le propos trop subversif et insultant envers le pays des pharaons, on lui demande donc d'écrire une petite mise au point afin d'éviter la censure. Ce qu'il fait. Le roman est sorti à la maison d'édition égyptienne Dar Echourouq, mais la mise au point paraîtra dans le livre comme une sorte de clin d'œil. ? présent, Al Aswany préfère rire de cette expérience, ô combien significative et révélatrice de la distance que les gens n'ont pas encore par rapport à la vraisemblance de la littérature. L'œuvre humaniste d'El Aswany subit parfois des lectures politiques qui causent souvent du tort à l'écrivain et à l'œuvre elle-même. Nirane Sadiqa a été traduit en français par le même traducteur, à savoir Gilles Gauthier, qui est aussi un ambassadeur, et paraîtra chez l'éditeur français Actes Sud en mars prochain. S. K.