Alors que les labours saisonniers étaient depuis longtemps interdits à travers quelques wilayas steppiques dont celles d'El-Bayadh et Naâma, pour des raisons liées à l'intensité de la désertification, des centaines de citoyens semblent ignorer cet état de fait puisque toutes les parcelles de terre susceptibles d'être préservées sont la proie, ces derniers jours, d'engins de labours. Ces interdictions au labourage concernent particulièrement les grandes surfaces qui ne sont la propriété de personne, mais qui appartiennent néanmoins à des tribus, loin des périmètres destinés au soutien du FNRDA ou des petites exploitations agricoles à travers les ksours. Seulement, après les instructions émanant le mois passé du ministère de l'Agriculture faisant état du lancement, à titre expérimental, de la saison labours semailles en perspective de sa généralisation pour la saison prochaine et ce, en cas de résultats probants, plusieurs citoyens ont procédé à des labourages anarchiques sans que les commissions installées à cet effet n'eurent donné leurs accords définitifs. ? ce titre d'ailleurs, le courrier du ministère paraît plus explicite puisqu'il fait état au préalable d'une étude objective à même de rendre la campagne plus rentable en perspective de sa généralisation, puisque les zones destinées aux labours doivent répondre à la condition d'être irriguées par des épandages de crue. Pour ce, des commissions de daïra, à leur tête, les services de la DSA, ont été installées à travers ces wilayas pour expliquer les objectifs recherchés ainsi que les conditions d'octroi de la décision de labours, sauf qu'avant même que ces commissions ne rendent leurs rapports, des centaines de citoyens ont déjà procédé aux défrichements de terres, causant ainsi des pertes énormes sur le couvert végétal qui avait pourtant repris à la faveur des dernières intempéries, notamment à El- Bayadh. Il faut dire que ces interdictions concernent la majeure partie des wilayas steppiques, lesquelles constituent un grand couloir d'où transitent et se déposent les sables venant du Sud pour devenir des risques majeurs à l'envahissement de la partie nord du pays. C'est à cet effet qu'a été instaurée la politique des espaces de mises en défens, qui préconise l'interdiction au pacage alors que ces wilayas sont connues pour être des principales pourvoyeuses de viande ovine. Paradoxalement, même ces espaces ont fait les frais de l'incompréhension, générant des interventions allant à contresens de l'objectif recherché surtout que ces espaces sont régis par des arrêtés de wilaya faisant état de leur location aux éleveurs une fois reconstitués. Ainsi, on parle de milliers d'hectares touchés à travers ces wilayas alors que les milieux steppiques sont connus pour leur sensibilité en cas d'un délaissement une fois labourés. Aussi, même si l'objectif est de permettre à beaucoup d'éleveurs d'en tirer profit, il n'en demeure pas moins que la procédure peut s'avérer contre-productive tant que l'anarchie est maître des lieux. D'ailleurs, les responsables chargés du suivi de l'opération, particulièrement à El-Bayadh, parlent d'une exagération de certains citoyens appelés, par conséquent, à répondre de leurs actes devant les instances judiciaires, qui auront, encore une fois, à traiter un dossier très sensible. ? ce propos, l'opération de recensement de ces gens afin que leurs dossiers soient transmis à la justice prendra certainement du temps, alors que la période des labours a presque touché à sa fin, tandis que les services chargés de mener à bien le programme du ministère se retrouvent dans un dilemme total, qui les inviterait à un fait accompli risquant ainsi de les dévier de la mission dont ils sont chargés. AHMED Moussa