Sur les cinq lotissements qui composent ce quartier chic, le lotissement B se distingue par un réseau routier catastrophique. Du côté des autorités locales, c'est le silence radio. En acquérant en 1980 des lots de terrains à bâtir au niveau de Djenane Mabrouk dans la commune de Aïn Benian, les bénéficiaires du lotissement B pensaient pouvoir construire chacun un toit décent pour sa famille. Ce qui fut non sans toutes les contraintes imposées par les échéanciers convenus avec la Cnep. Ving-cinq ans après que le dernier bénéficiaire eut achevé sa construction, un énorme problème censé se régler dès le lancement du projet perdure au grand dam des habitants à savoir les VRD notamment le réseau routier. Et si l'installation des réseaux d'électricité, de gaz, eau, éclairage public et autres ont pu se concrétiser rubis sur l'ongle, celui des routes constitue un calvaire pour les habitants qui ne savent plus à qui s'adresser après avoir frappé à toutes les portes en vain. Ces derniers ne comprennent pas en effet l'attitude des responsables vis-à-vis de ce problème à moins qu'elle soit dirigée par des forces occultes. Sinon comment expliquer que sur les cinq lotissements que compte le quartier, seul le B n'a pas bénéficié d'une opération de goudronnage alors que sa population est la plus importante de Djenane Mabrouk (110 familles) et son réseau routier dépasse 1000 mètres linéaires. Tous les accès sont dans un état de dégradation avancé par le fait de l'érosion et aussi des engins qui empruntent les rues à des fins de travaux de terrassement dans les environs. L'on ne peut que s'imaginer les dures épreuves auxquelles sont soumis résidents et véhicules pour atteindre les habitations. Les dernières pluies ont même accentué la dégradation des lieux rendant certains endroits impossibles à accéder. Les plus vulnérables de ce fait sont les personnes âgées dont beaucoup sont victimes de chutes parfois graves et les enfants scolarisés ne pouvant se rendre librement à leur école sans qu'ils ne soient accompagnés par les parents. Le cœur gros, à la limite du désespoir, les habitants, dès notre rencontre, débitent leur ras-le-bol pointant du doigt les autorités locales qui ne semblent pas mesurer la situation vécue par leurs administrés. “Le cas de ce lotissement a été porté à la connaissance de toutes les parties concernées, que ce soit l'APC, la circonscription administrative ou la wilaya. Nous les avons toutes sollicitées en expliquant qu'au moment où nos terrains nous ont été cédés dans le cadre des réserves foncières le cahier des charges stipulait qu'ils étaient viabilisés. Cela fait plus d'un quart de siècle que nous attendons sans apercevoir le bout du tunnel. Nous sommes prêts à accepter les conditions de l'ancien wali d'Alger exigeant la contribution financière des résidents, bien que cette pratique nous paraît injuste car il s'agit de la voie publique dont nous ne sommes pas les seuls utilisateurs et desservant donc les autres agglomérations tant de la commune que de la circonscription. Ce qui reste encore plus dur à admettre c'est cette discrimination qui ne dit pas son nom. Il est utile de savoir en fait que les autres lotissements, du même quartier bien sûr, ont été servis sitôt la demande exprimée. Faut-il pour une chose aussi banale écrire au premier magistrat du pays ? Sommes-nous des citoyens à part entière et des contribuables honnêtes ? C'est à se le demander”, s'interrogent-ils. Certains d'entre eux se sont installés chez des parents supportant l'exiguïté au calvaire du bourbier en hiver et de l'atmosphère irrespirable à cause de la poussière en été. D'autres pensent à vendre leur bien même à perte. Un pédiatre installé depuis quelque temps n'en pense pas moins. Son voisin confie que les clients se font de plus en rares en raison de l'état impraticable des routes qui dissuade les parents les plus téméraires même si ces derniers ont beaucoup regretté la compétence du praticien. En attendant donc que les élus locaux aient un minimum de conscience envers les citoyens dont les voix n'ont de prix que lors des échéances électorales, les habitants du lotissement B de Djenane Mabrouk interpellent les instances du pays pour une intervention rapide à leur doléance. ALI FARÈS