Mais quelle mouche a donc piqué le souverain alaouite et ses proches collaborateurs qui se sont relayés, ces derniers jours, pour déverser leur venin sur l'Algérie qu'ils rendent encore une fois responsable de tous les maux du royaume ? Premier à ouvrir le feu, le roi Mohammed VI a saisi l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l'Homme pour accuser, mercredi dernier, “l'Algérie d'être l'ennemi de son unité territoriale”. Dans un discours qui a été lu devant le Conseil consultatif marocain des droits de l'Homme, le roi du Maroc a indiqué que “l'exploitation vile et ridicule de la question des droits de l'Homme, de la part des ennemis de son unité territoriale, pour fuir leurs responsabilités de coopérer aux efforts déployés par les instances internationales, afin d'arriver à une solution politique qui mettrait un terme au conflit régional sur l'appartenance du Sahara, à travers les dialogues régionaux basés sur la logique et l'esprit de concordance”. Visant l'Algérie, mais sans la citer directement, le roi du Maroc, qui a affirmé “considérer le conflit du Sahara occidental comme étant une pure fabrication”, a ajouté qu'il “serait un handicap pour le développement de la région du Maghreb arabe”. Ne trouvant rien de concret à proposer, il persiste à dire que “le Maroc n'épargnerait aucun effort afin de permettre aux enfants des provinces sud de jouir de leur droit légitime au retour, en toute liberté, vers leur nation mère”, en faisant allusion aux réfugiés sahraouis éparpillés sur les frontières de l'Algérie. Mohammed VI ira jusqu'à décrire Tindouf comme étant un “camp de détention secret”. “Malgré leur égarement, eux qui sont les pires ennemis des droits de l'Homme, et à travers leurs pratiques agressives à l'encontre des droits de l'Homme dans les camps de détention secrets, malgré cela, ils ne pourront pas freiner notre volonté imperturbable pour la protection des libertés générales, individuelles et collectives, sur l'ensemble du territoire national, et notre politique d'ouverture positive et de dialogue sérieux”, a notamment affirmé le souverain chérifien. “Nous ne laisserons pas passer cette occasion sans dénoncer les souffrances et les humiliations dont pâtissent les Marocains séquestrés dans les camps de Tindouf, et ce, en violation flagrante des règles les plus élémentaires du droit international humanitaire”, a-t-il rabâché. Remettant sur la table la proposition d'une autonomie du Sahara occidental, il estime que c'est la seule solution “afin de mettre fin à ce faux conflit qui représente un handicap aux droits des peuples maghrébins dans le développement”. Le lendemain, ce fut au tour de son Premier ministre de lui emboîter le pas, en lançant une violente attaque contre l'Algérie. “En confisquant la liberté de nos concitoyens, les autorités algériennes portent gravement atteinte aux liens religieux, historiques et de bon voisinage et entravent l'édification du Maghreb”, a affirmé le Premier ministre Abbas El-Fassi. Ce dernier, qui s'exprimait à Rabat devant le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, n'a pas hésité à déclarer : “Des hommes, des femmes et des enfants souffrent de séquestration et de torture et vivent dans des conditions inhumaines à la merci des militaires algériens, en violation manifeste du droit humanitaire international.” Abbas El-Fassi appelle alors “l'ensemble des Marocains (...) à se mobiliser pour démasquer et dénoncer (...) les violations des droits de l'Homme perpétrées par les séparatistes dans les camps de Tindouf”. Pendant ce temps, l'ambassadeur et représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, Mohamed Loulichki, tentait d'établir le lien entre le conflit du Sahara occidental et le terrorisme dans la région du Maghreb. Il affirme que “les efforts de la communauté internationale en matière de lutte contre le terrorisme international ne pourraient atteindre pleinement leurs objectifs que s'ils s'insèraient dans un cadre global et multidimensionnel, visant à s'attaquer aux causes profondes du terrorisme, à travers la résolution des conflits internationaux et régionaux, le renforcement de notre engagement contre le sous-développement et la promotion des valeurs de dialogue entre les cultures, les religions et les civilisations”. Sans relâche, Rabat s'attelle donc à mettre la pression sur l'Algérie en diversifiant à chaque fois les sujets ; une fois, c'est la réouverture des frontières, une autre fois en faisant endosser à l'Algérie la responsabilité du conflit du Sahara occidental, dans l'espoir de faire renoncer Alger à ses principes. Peine perdue, constante dans ses positions par rapport à ces deux questions, l'Algérie demeure attachée à la légalité internationale, chose que Rabat refuse d'admettre. Merzak T.