Le chômage reste élevé malgré les efforts entrepris depuis 2003, constate le FMI à l'issue d'une mission de deux jours en Algérie. Le Fonds monétaire international ne veut pas se prononcer sur la loi de finances complémentaire de cette année, car il est estimé qu'il est encore trop tôt pour procéder à une évaluation de ses effets. C'est ce qu'a déclaré hier Joël Toujas-Bernaté qui a dirigé pendant deux semaines une mission du FMI en Algérie. Cette déclaration a été faite hier à Alger lors d'une conférence de presse à l'issue de cette mission dont le rapport sera présenté en 2010 au conseil d'administration du FMI et qui sera rendu public avec l'accord des autorités algériennes. Cette mission entre dans les activités annuelles du FMI. Les conclusions de cette mission telles qu'elles ont été présentées par ce responsable insistent sur une implication plus importante du secteur privé dans l'économie de l'Algérie ainsi que sur l'amélioration du climat d'investissement pour attirer davantage d'investissements directs étrangers. Cet objectif pourrait paraître en contradiction avec la loi de finances complémentaire qui oblige à un partage des capitaux à hauteur de 51% au profit de l'investisseur local. Pourtant, le représentant du FMI comprend que cette mesure, telle qu'elle lui a été expliquée par ses homologues algériens, vise à profiter davantage du transfert de technologie et de réduire le montant du transfert des dividendes. En ce qui concerne les prévisions de croissance pour 2010, le même responsable a indiqué qu'elle tournerait autour de 4 à 5% du produit intérieur brut. Cette année, il a été constaté que la croissance hors hydrocarbures a été de 9% grâce, notamment, à des performances dans les récoltes agricoles, en particulier celles des céréales. Cette performance ne sera pas renouvelée en 2010. En ce qui concerne les hydrocarbures, le secteur a enregistré une baisse d'activité de 6% à cause de la baisse des recettes des exportations. Un prix prévisible de plus de 70 dollars le baril en 2010 devrait, par contre, améliorer les perfor-mances de ce secteur, selon le conférencier. Ce dernier a aussi été destinataire d'une question sur l'opportunité de la hausse des salaires des travailleurs lors de la prochaine tripartite. Sur ce point, il a dit que les partenaires sociaux sont libres de s'entendre sur les accords qu'ils jugent utiles. Joël Toujas-Bernaté a néanmoins précisé qu'il a rencontré des représentants des syndicats patronaux et ouvriers et qu'il a constaté que leurs points de vue convergeaient avec ceux du gouvernement sur plusieurs points, y compris sur cette question ainsi que celle de la nécessité d'accorder un plus grande place au secteur privé. Le responsable du FMI a aussi indiqué que les initiateurs du futur plan d'investissements public de 150 milliards de dollars devront tenir compte de certaines contraintes. Ils devront surtout penser à faire attention aux gaspillages qui sont constatés dans d'autres pays lors du lancement de plans de cette nature. Le secteur bancaire a aussi été un des aspects sur lesquels s'est attardé le conférencier. Il a constaté que les banques ne cessent d'augmenter le crédit aux entreprises même s'il n'hésite pas à inciter ces institutions à davantage d'efforts. Par contre, les mécanismes de contrôle sont jugés efficaces lorsqu'ils sont institués par la Banque d'Algérie. Tous ces indices font que l'Algérie a traversé la crise économique et financière mondiale sans trop d'encombre. Les indices sont aussi bons en ce qui concerne les réserves de change et le niveau d'endettement extérieur jugé très bas. D'ailleurs, les réserves de l'Algérie évaluées à 140 milliards de dollars à septembre 2008, sont si importantes que le FMI a sollicité le pays pour l'achat d'obligations. Le gouvernement algérien n'a pas encore donné sa réponse au FMI, indique le même responsable. Malgré tous ces points positifs, le FMI considère que l'Algérie doit lutter davantage contre le chômage encore très élevé avec 11% de la population active en 2008 contre 25% en 2003. Parmi les jeunes, ce taux est de 25%.