Le commerce illégal et dangereux que pratiquent ces immigrants africains s'exerce sans respect des règles relatives au négoce et à l'hygiène De la porte de Constantine à la place du marché, en passant par la porte Caracalla et jusqu'aux portes Salomon, la foule est dense. On se bouscule sur les trottoirs étroits comme des essaims d'abeilles. De jeunes Africains, qu'on remarque à leurs teint basané, sont là, assis à même le sol, étalant pêle-mêle des produits à base végétale. Tout y est dans cette kermesse. On trouve entre autres des bâtonnets pour l'hygiène buccodentaire, des onguents et des pommades ainsi que des graisses à consistance molle destinées à protéger la peau. Si les vendeurs viennent d'Afrique noire, la provenance de ces produits reste inconnue et douteuse avec des dates de péremption largement dépassées. Les échéances portées sur les flacons sont effacées au marqueur. C'est pour dire que la contrefaçon est là, au centre-ville de Tébessa, s'étalant dans toute son impunité. Tébessa est devenue un véritable souk africain du moyen-âge avec son brouhaha et ses couleurs. Des vendeurs à la sauvette étalent pêle-mêle, à même le sol ou sur des étals de fortune, des produits cosmétiques contrefait de marques prestigieuses. Des made in contrefaits et exposés le long des trottoirs et des ruelles de l'antique Thévest semant le danger au sein des utilisateurs en quête du remède miracle qui, pour stopper une perte de cheveux ou cicatriser des brûlures, qui, pour retrouver des facultés sexuelles perdues. L'intoxication chimique que provoquent ces produits par chers a toujours été, et à mainte fois, prouvée. La santé publique est menacée. Le commerce illégal et dangereux que pratiquent ces immigrants africains s'exerce sans respect des règles relatives au négoce et à l'hygiène. Quand on voit ces scènes et qu'on lit, le lendemain, les bilans des activités des services concernés, on ne peut que sourire. Si la situation est chaotique, il ne faut surtout pas généraliser ou tomber dans la xénophobie. Il s'agit d'êtres humains dont la majorité est en quête d'un gagne-pain dans la dignité. Leur présence en Algérie est salutaire pour eux et leurs familles laissées dans le Sahel. Ils exercent des activités artisanales que les Algériens, malheureusement, commencent à bouder. “Je préfère rester honnête. Je travaille pour assurer la scolarité à mes deux enfants qui sont au Mali où j'ai à ma charge une famille nombreuse”, explique l'immigrant, cordonnier de son état. Quotidiennement, Abdullah étale sur une bâche posée à même le sol ses outils de travail. C'est un véritable maître bottier aux mains fortes et expertes. Il est sollicité par tout le monde pour son savoir faire. Tous les trois mois, il rentre chez lui en traversant le désert. Il cède sa place à un autre Malien qui tiendra la boutique de fortune. Cette nouvelle situation est déjà mise à profit par certains Tébessis qui viennent de trouver un créneau pour leur sens de “l'opportunisme commercial”. Ils ont transformé leurs locaux en dortoirs pour caser ces personnes, transitant par l'Algérie, en attendant de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. H. Mâalem