Le risque permanent d'intoxication alimentaire est fréquent, notamment lors de la saison estivale où l'on constate la fièvre d'un négoce que, par euphémisme, on qualifie de commerce informel. Bien que la direction du commerces et des prix (DCP) ait mis en place un programme de contrôle pour la saison estivale, afin de traquer les commerçants peu regardants sur l'hygiène alimentaire, il n'en demeure pas moins que le nombre d'agents mobilisés à cet effet, reste très timide au regard des commerces de la franche lippée qui se multiplient, notamment, aux abords des plages. A peine 150 agents sont dispatchés par la DCP pour « harceler » les indélicats ou les traiteurs à la petite semaine. Face à la multiplication des services de bouffe à l'extérieur et l'abondance des choix que proposent les quatre-saisons et autres échoppes de chawarma, la tentation « gargantuesque » dont fait montre le consommateur n'est pas sans risques. Le comportement de ce dernier a bel et bien changé et colle aux « agapes » de l'air du temps qui échappent à la vigilance — bien évidemment — de la DCP. Il va sans dire que l'occasion se veut propice pour les jeunes oisifs qui se transforment, l'espace de deux ou trois mois, en « cuistots », foulant aux pieds le basique en matière d'hygiène alimentaire. Tout un éventail d'ustensiles est mis en branle pour se mettre à l'œuvre et préparer une cuisine au « rabais » dans des baraques de fortune. Pour les moins nantis, susurre-t-on. L'essentiel est d'écouler leur mixture culinaire tout en renflouant la gibecière. Et advienne que pourra ! Quant aux gérants de commerce dans certaines localités dites « huppées » comme Zéralda, Draria, Staouéli, le nombre de cas d'infractions enregistrées, pour le seul mois de juin dernier, donne le tournis. Plus de 1000 procès-verbaux ont été établis par les services de la DCP lors des 1600 interventions. Le nombre de mises en demeure prononcées et celui de locaux proposés à la fermeture dépasse, relève-t-on, la centaine et ce, pour défaut d'affichage, exposition de produits sensibles en porte-à-faux avec la réglementation. Aussi, trente cas d'intoxication ont été enregistrés dans la restauration collective des cités U lors de ces 9es Jeux africains. Un empoisonnement que d'aucuns considèrent comme un péché véniel, à l'image, d'ailleurs, des produits sensibles qui sont achalandés dans un éventaire à même le trottoir de nos grouillants souks. Des lieux où les agents des BHC (bureaux d'hygiène communaux) semblent effacés. Ces derniers, chargés de dissuader les revendeurs d'écouler les denrées fragiles, à large consommation, n'ont pas les coudées franches, souligne-t-on. Ils ont de la peine à sévir, selon la réglementation en vigueur, apprend-on auprès d'un élu de Bab El Oued, expliquant que la mission des BHC se « limite à l'établissement du rapport ». Des fonctionnaires qui ont du mal à assurer leur tâche. Très souvent, ils se font vilipender par ceux qui imposent leur diktat lorsqu'il s'agit de saisie de produits avariés ou douteux. En effet, l'époque où l'agent d'hygiène communal était chargé d'asperger la sardine de la matinée de Crésyl au-delà de midi fait partie de mœurs révolues, regrette un vieux commerçant attenant au marché des Trois-Horloges. Ainsi, pain, mayonnaise, œufs, beurre, produits laitiers, eau minérale sont entre autres les produits proposés à l'air libre et sous un soleil de plomb. Par ailleurs, les produits — surtout les œufs — censés être conservés à une température n'excédant pas les 6° C, pour éviter la formation de bactéries, responsables de toxi-infections alimentaires, sont exposés hors réfrigération dans certains établissements exerçant l'activité d'alimentation générale ou la restauration commerciale, confie, non sans une pointe de dépit, un fonctionnaire de la DSV (direction des services vétérinaires).