Il faudrait du temps pour que la mesure de réduction de la production produise son effet. Les conséquences de la récession en Europe et aux Etats-Unis semblent plutôt “plomber les cours” plus longtemps que prévu. Les marchés ont réagi hier en baisse à la décision historique de l'Opep de réduire de façon importante son niveau de production. Les prix du pétrole ont chuté de nouveau après avoir enregistré une légère remontée, la veille de la réunion d'Oran. Il fallait à la fois des signaux clairs de la détermination des pays Opep à reprendre la maîtrise des cours du brut et un appui ferme des pays non-Opep à la décision de l'Organisation pour inverser la tendance. La réponse de l'Opep n'a donc pas convaincu les marchés. En d'autres termes, elle s'avère insuffisante. Depuis des mois, les marchés sont restés sourds aux efforts de l'Opep tendant à baisser la production pour stabiliser les cours, au moins à 70 dollars le baril. Une conséquence de la crise financière mondiale. En résumé, l'Opep a retiré 4,2 millions de barils/jour, un effort sans précédent. Mais le marché a été, hier, surtout attentif à une hausse des stocks américains. Il faudrait ainsi du temps, avance le président de l'Organisation, pour que la mesure de réduction de la production produise son effet. Les conséquences de la récession en Europe et aux Etats-Unis semblent plutôt “plomber les cours” plus longtemps que prévu. La décision historique a été également contrariée par l'ambivalence de la position russe. Moscou a d'abord laissé entendre qu'elle allait adhérer à l'Opep. Puis, elle s'est contentée d'annoncer une baisse de la production en appui à la décision de l'Organisation. Or, nombre d'analystes doutent de la capacité russe à baisser son niveau d'extraction, sa production étant en déclin. La stabilisation des cours en fin de compte pourrait nécessiter d'autres coupes importantes dans la production. En tout état de cause, les prix actuels n'arrangent ni les intérêts des pays consommateurs ni des pays producteurs. Des prix du pétrole à 40-50 dollars agissent comme un frein au développement de nouvelles capacités de production à même de faire face à la demande future. Dans ce scénario “baissier”, on s'achemine vers une crise de l'offre dans trois ans et, partant, à des cours entre 200 et 300 dollars. Nombre de pays de l'Opep devront de leur côté, avec les prix actuels, réviser leur budget calculé sur des prix de pétrole élevés. Quant à l'Algérie, cette crise mondiale constitue un avertissement. Les réserves en devises à hauteur de plus de 130 milliards de dollars actuellement, l'accumulation de fonds importants dans la caisse de régulation, invitent à en finir avec l'économie rentière. K. R.