Société de consommation oblige, nos villages, collines et oueds croulent sous les ordures ménagères. Ces décharges anarchiques en milieu rural plantent un décor nauséabond qui n'inspire plus que dégoût et répugnance. L'accroissement de l'offre en produits alimentaires et la multiplication des commerçants ambulants qui se succèdent sur les places publiques augmentent au rythme des besoins accrus de la population. Cependant, les autorités locales n'interviennent pas et ne pensent même pas implanter des bacs à ordures afin d'éviter les tracas aux commerçants et aux citoyens. Malgré l'acquisition d'un camion à benne à ordures, les décharges anarchiques n'arrêtent pas de pousser dans chaque quartier des hameaux et villages où des bestioles commencent déjà à empester les lieux. La commune de Yatafen est une localité qui souffre du manque d'assiettes allouées aux décharges ou centre d'enfouissement technique. Cependant, l'APC, qui organise la collecte d'ordures ménagères par une rotation d'un seul camion qui sillonne les villages et quartiers deux ou trois fois par semaine, n'arrive pas à mettre fin au désordre naissant. Mais, certains, ne pouvant être au rendez-vous de la collecte, n'ont d'autre choix que de laisser leurs sacs poubelles à l'air libre. “Nous travaillons tous loin de notre domicile et, par conséquent, nous ne pouvons respecter les horaires de rotation du camion. Alors, nous exigeons des bacs à ordures ou, à la limite, des niches à ordures”, nous apprend un fonctionnaire. Par ailleurs, à proximité du chef-lieu de Yatafen, la rivière de Souk El-Had ou celle de Oued El-Djemaâ coulent entre deux rives jonchées d'une suite de dépotoirs anarchiques. Même topo pour les nouvelles cités où les locaux sans portes deviennent de véritables niches rassemblant des hordes de chiens errant durant la nuit et favorisant ainsi la prolifération des bestioles… Des bacs à ordures feraient l'affaire pour damer le pion aux incivilités tous azimuts. À quelques encablures de là, et aux villages longeant la RN71, même les sources où le commun des mortels puise sa ration en eau potable, les traces de l'incivilité sont là pour prouver que l'homme excelle en matière de pollution : bouteilles, canettes, sachets en plastique… jonchent ces lieux jadis sacrés. Pire encore, devant la fontaine de Ourdja, village historique, malgré les panneaux affichant “interdiction de jeter les ordures : propriété privée”, les passants, feignant d'ignorer l'écriteau, y déversent leur détritus par tonnes à l'aide de bennes interposées. Quelle serait ainsi l'image à donner à d'éventuels touristes qui s'aventureraient dans les parages si ce n'est un paysage de morosité et de désolation. LIMARA B.