La libération des détenus du mouvement citoyen a suscité, hier, des réactions en chaîne chez la classe politique. Si certaines formations ont saisi l'occasion pour mettre en avant des exigences en totale contradiction avec les revendications des archs à l'image du MRN de Djaballah qui demande la libération des “détenus du FIS”, la quasi-totalité de la classe politique, en revanche, a accueilli plus ou moins favorablement cette mesure d'apaisement. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) se dit “très soulagé d'apprendre la libération de ces détenus d'opinion comme le parti l'a exigé depuis des mois et des mois”. C'est ce qu'a expliqué, hier, Hamid Lounaouci, secrétaire national à la communication au RCD, qui souligne que “nous avons dit et répété que l'on ne pouvait pas par la répression et la manipulation porter atteinte à une dynamique populaire”. Le représentant du parti de Saïd Sadi revendique, par ailleurs, d'autres mesures d'apaisement. “Il reste, explique-t-il, cependant, que la volonté politique qui dépend exclusivement du pouvoir doit se manifester sur d'autres points qui ont été mis en avant par le mouvement citoyen et les partis politiques”. M. Lounaouci cite, entre autres mesures, “l'exigence du mouvement citoyen concernant la dissolution des assemblées fantoches et la nécessité que justice soit faite sur les crimes qui ont été commis en Kabylie”. La satisfaction de ces mesures constitue un important indicateur “qui nous montrera s'il y a véritablement une volonté de sortie de crise”, ajoute M. Lounaouci. Pour Abdesslam Medjahed, le chargé de la communication au Front de libération nationale (FLN), le plus important est de voir cette libération des détenus aboutir à un véritable dialogue : “Tout en saluant cette décision et en félicitant les délégués détenus pour leur libération, nous souhaitons que cette mesure constitue une amorce à un véritable et sincère dialogue et que ce même dialogue aboutisse à un règlement définitif de la crise en Kabylie.” Dans la foulée, le représentant du parti de Ali Benflis estime que “la solution à la crise en Kabylie n'est que justice étant entendu que cette région a énormément souffert deux années durant”. Du côté du Rassemblement national démocratique (RND), le parti d'Ahmed Ouyahia, la libération des détenus devrait constituer “un début de solution à la crise” en Kabylie. C'est ce que soutient en tout cas Miloud Chorfi, porte-parole du parti, qui précise que “cette libération permettrait aussi bien au gouvernement qu'aux archs d'entamer un dialogue et d'amorcer des solutions”. C'est également ce que pense le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Par la voix de son président de groupe parlementaire, Abderrezak Mokri, le parti de Nahnah revendique “un dialogue sincère et crédible à même de conduire à un règlement de la crise”. N. M. Le FFS et le MRN se distinguent La réaction du FFS est, pour sa part, mitigée. Car, tout en saluant la libération des détenus du mouvement citoyen, le parti d'Aït Ahmed revendique le jugement des délégués coupables, à ses yeux, d'actes d'agression. “Nous exigeons à ce que les citoyens qui se réclament délégués du mouvement et qui se sont rendus coupables d'actes d'agressions fascistes à l'égard d'autres citoyens ne soient pas absous de leurs délits sur l'autel des calculs politiciens”, a indiqué Karim Tabbou, le chargé de la communication au FFS. Cette revendication devrait, selon notre interlocuteur, “éviter d'autres affrontements et dérives qui risqueraient de conduire à des règlements de comptes”. Pour le parti de Djaballah, le Mouvement de la réforme nationale (MRN), la libération des détenus du mouvement citoyen devrait être accompagnée de celle des détenus du FIS dissous. “Nous souhaitons que les pouvoirs publics prennent d'autres décisions courageuses, à savoir la libération de tous les autres détenus politiques sans exception, dont les chouyoukh et les détenus FIS (Front islamique du salut, Ndlr)”, a soutenu Djahid Younsi, vice-président à l'Assemblée nationale et membre de la direction du MRN. N. M.