Si certains à l'instar d'El-Badil et du CCDR saluent cette démarche, d'autres comme El-Islah, le MDS, le PRA et le candidat Ali Rachedi considèrent qu'elle est dénuée de crédibilité. L'initiative des “dix” personnalités politiques et chefs de partis, dont une majorité de candidats à la magistrature suprême pour la garantie d'une élection présidentielle propre et honnête, suscite des réactions mitigées de la part des formations politiques et des postulants qui n'y ont pas pris part. Si certains partis, à l'instar d'El-Badil et du CCDR, saluent cette démarche et comptent s'associer à sa mise en œuvre, d'autres, en revanche, comme El-Islah, le MDS, le PRA et le candidat Ali Rachedi considèrent qu'elle est dénuée de crédibilité. Plus nuancé, le Parti des travailleurs, pour sa part, n'exclut pas de rejoindre le groupe des “dix” en cas de participation au scrutin, cela bien qu'il n'ait pas été invité aux réunions préliminaires et ne souscrive pas à la totalité des exigences formulées, notamment celle relative au départ de l'Exécutif. “Que signifie le départ du gouvernement ? Où allons-nous chercher cette histoire de gouvernement neutre ? demande M. Arfouti de la direction nationale du parti. À ses yeux, la légalité et la transparence de la présidentielle tiennent surtout de la mise en place d'une commission indépendante de surveillance, telle que stipulée dans la charte des “dix”. Sur ce point, du moins, la formation de Louisa Hanoune serait prête à rejoindre le front antifraude. Pour autant, elle pose d'autres conditions. Selon le PT, les élections ne peuvent avoir lieu dans un climat social aussi délétère. Pour le CCDR, c'est plutôt la situation politique qui pose problème. “Devant les périls d'un scrutin à sens unique et du coup d'Etat déjà engagé contre la Constitution, les lois et les institutions, le CCDR estime que seule la mobilisation citoyenne est susceptible de s'opposer au coup de force contre la République”, écrit le comité dans une déclaration rendue publique hier. À cet égard, il lance un appel à tous les citoyens au nom du Forum démocratique des forces patriotiques, pour appuyer la démarche des “dix”. Pour rappel, le CCDR a déjà fait connaître ses intentions en apportant son soutien à la candidature d'un des membres du groupe, le SG du FLN, Ali Benflis. S'il n'a pas de favori, El-Badil défend néanmoins le même principe dans le sens où, selon lui, l'assurance de l'alternance et la prévention d'une fraude massive requièrent une mobilisation sans faille. À cet égard, El-Badil ne considère guère sa non-sollicitation par le groupe des “dix” comme une exclusion. “L'opération concernait d'abord les candidats. Mais cela n'exclut pas son élargissement aux partis. À ce moment-là, nous la rejoindrons”, promet Sofiane Djillali. Au PRA, les choses ne se présentent pas sous de si bons auspices. Très déçu, le parti tout en notant le fait qu'il ne soit pas convié à l'initiative des “dix”, considère que la déclaration qui a clos leurs travaux est “très en deçà des attentes des citoyens au regard de l'enjeu de la future élection présidentielle”. Dans un communiqué rendu public hier, cette formation doute de l'engagement des signataires. “Le peuple algérien attend des acteurs de la scène politique, au-delà de la condamnation des dérives et du dévoiement constatés et de la revendication nécessaire mais non suffisante de garanties, qu'ils prennent leurs véritables responsabilités afin de ne pas rééditer les expériences des échecs précédents”. Cet avis est partagé par le MDS. De plus, le parti de Hachemi Chérif conteste la composante du groupe et dénonce la présence en son sein de personnalités d'obédience islamiste. “Triste posture que celle de démocrates et de patriotes réduits à se concerter avec des ennemis d'hier, prêts à offrir l'Algérie sur un plateau d'argent aux islamistes”, s'élève-t-il dans un communiqué. Comble de l'ironie, le MRN de Djaballah est sur la même longueur d'ondes. S'il n'a pas pris part à l'initiative des “dix” — à laquelle d'ailleurs il n'a pas été invité — c'est surtout parce que ses dirigeants ne voulaient pas se retrouver à la même table que… Réda Malek (l'ennemi d'hier) et le MSP (le parti traître). “On estime que cette coordination doit être constituée exclusivement de candidats pour lui conférer plus de poids”, soutient M. Younsi, cadre de cette formation. En outre, notre interlocuteur ne partage pas tout à fait les préalables défendus par les “dix”. À l'instar du PT, le MRN ne fait pas du départ du gouvernement un impératif. De même le candidat Abdesslam Ali Rachedi, considère les conditions posées comme “purement techniques”. Opposé dans la forme et dans le fond à cette initiative, il s'en prend d'abord à la nature et aux personnalités de ses concepteurs. À ses yeux, ils ne sont pas crédibles. “La perspective de l'alternance passe par l'avènement d'hommes nouveaux qui ne portent pas d'étiquette et ne sont ni le pur produit du système ni cooptés par l'armée.” relève Ali Rachedi. S. L.