Les uns et les autres y vont chacun de différentes prédictions concernant la crise financière internationale et ses conséquences sur l'économie algérienne. Les uns affirment que les projets infrastructurels en cours seront abandonnés au courant de l'année 2010, d'autres, que nous ne pourrons maintenir ce taux de croissance (près de 6%) hors hydrocarbures, d'autres, enfin, que nous aurons des difficultés à terminer ce plan de soutien à la relance. Et si cette crise financière à cause, entre autres, de la déconnexion de nos systèmes bancaire et financier, était positive pour notre économie, en tout cas et surtout, à cause de la remise en question et de notre politique de privatisation et de notre politique d'attraction des investissements directs étrangers (IDE) ? Partant du chiffre donné par M. le ministre des Finances et concernant nos réserves de change, il s'agirait d'un montant de 137 milliards de dollars à la fin novembre. Gageons que ce montant atteindra le chiffre de 140 milliards à la fin décembre 2008. Si nous nous basons sur le fait que cette année a été une année de pic d'importations, c'est la première fois que nous atteindrons le chiffre de 34 milliards sur ce chapitre ; en se basant également sur le fait que les économies de plusieurs de nos fournisseurs habituels se trouvent en situation de récession et que nombre d'entre eux sont en situation de déflation, il est prévisible que notre facture import pour l'année prochaine se trouvera moins élevée pour des volumes un peu plus importants, donc avec ces réserves de change, quatre années d'importations pourraient être à 100% garanties. Et, n'oublions pas que pendant ces quatre années, nous continuerons à exporter nos hydrocarbures, donc à réaliser des recettes et à conforter le pouvoir d'achat de notre marché. Mais s'agit-il seulement de se baser sur ce pouvoir d'achat, ne serait-il pas opportun de réfléchir aux moyens de réduire la facture de ces importations en réalisant des investissements algéro-algériens dans les filières où les importations sont incompressibles ? Le lait, les céréales, les semences, les médicaments, les oléagineux, le dessalement d'eau de mer et le ciment sot autant de filières qui pourraient susciter l'intérêt des planificateurs. La réalisation par nos propres moyens de projets qui pourraient ne pas aboutir à cause de la défaillance de nos partenaires étrangers, pour cause de crise financière internationale (pour certains partenaires, la valeur de leurs actions en Bourse est actuellement inférieure à leurs capitalisations), pourrait être également envisagée. D'aucuns pourraient même imaginer des prises de participation dans le capital social de majors mondiaux de l'industrie qui rencontrent actuellement des difficultés financières et qui sont menacés de faillite, et à titre d'exemple, il est trivial de penser aux grands de l'automobile américaine. Assumer également notre situation d'exportateur d'énergie, en diversifiant les produits de ce secteur, en intégrant l'énergie solaire sous toutes ses formes et principalement sa forme photovoltaïque, et en vulgarisant son utilisation, y compris par des subventions. La production de cellules photovoltaïques est une filière très prometteuse. La réalisation par nos propres moyens (hors budget de l'état), en faisant appel à l'actionnariat populaire, de projets d'investissements productifs, quelles que soient les filières, garantirait au moins que les dividendes ne seraient pas transférés, et amènerait un contrôle par les actionnaires de la gestion et du fonctionnement de ces entreprises cachées par leurs noyaux durs respectifs. Les privatisations ne pourraient-elles pas emprunter le même schéma, privatisation par l'actionnariat populaire, à travers la Bourse ? Certains qualifieraient ces suggestions de patriotisme économique et, le désapprouveraient, pourtant, il semblerait que ce soit le meilleure moyen d'éviter que les dividendes des investissements réalisés ne soient transférés sur les recettes réalisées par nos exportations d'hydrocarbures. L'abandon de ce patriotisme économique se ferait quand les investissements réalisés ne viseraient pas seulement la substitution aux importations, et donc, seulement le marché local, mais les marchés que vont procurer la zone arabe de libre-échange, le marché de l'UMOA et les marchés que nous procure déjà l'accord d'association avec l'Union européenne. L'institution ou les institutions qui auront, de plus en plus, un rôle prépondérant dans la mise en œuvre des politiques économiques sont la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci) et les chambres de commerce et d'industrie de wilaya (CCI). Une mise à niveau de telles institutions que la Caci et les CCI, par la révision des statuts qui datent de 1996, et qui ne répondant pas au désir participatif des élus, semble être une nécessité. En leur donnant un statut d'établissement public spécifique, où le gestionnaire serait désigné par le conseil d'administration, nous sortirions de ce rôle de représentation que certains voudraient voir assigner aux élus de la Caci et des CCI et à leur président, et qui ne correspond pas aux attentes que l'on pourrait avoir des chambres ni aux ambitions qui animent les opérateurs économiques quant à l'expansion des chambres et la réalisation de leurs missions. La révision des statuts et de leur mode de financement donneraient aux chambres un réel rôle d'animateur de la scène économique à l'instar des chambres de commerce des autres pays. En conclusion, il ne semble pas que ce soit la crise financière internationale qui doit nous préoccuper, mais plutôt les performances attendues de notre économie et les choix que nous devons faire quant aux filières à développer et aux moyens à assigner à ce développement de filières. B. B.