Les pouvoirs publics ne semblent pas écarter l'éventualité de puiser dans les réserves en devises pour maintenir le rythme des investissements publics. Le Plan d'action gouvernemental vient d'être adopté à la majorité écrasante par l'APN. Il fixe les chantiers de l'Exécutif d'ici à la tenue de l'élection présidentielle prévue en avril 2009. Plan plus ambitieux de mise à niveau des entreprises, achèvement de grands projets du plan de relance 2005-2009, crédits logement pour les fonctionnaires, telles sont, entre autres, les annonces. Les réponses de Ouyahia à l'APN, jeudi passé, apportent également un nouvel éclairage sur la politique économique et sociale à mener à court et moyen terme. Ce qui est positif, c'est la ferme volonté affichée de l'Exécutif, en droite ligne des orientations du chef de l'Etat de ne pas faire observer de pause d'ici à l'élection présidentielle. Donc, pas de gestion des affaires courantes comme à l'accoutumée, mais invitation à un dynamisme pour accélérer l'achèvement des grands chantiers du plan de relance. En d'autres termes, l'Exécutif devra donner l'exemple. Dans la foulée, le Premier ministre a indiqué que l'Etat au cours du prochain quinquennat va maintenir le rythme des dépenses publiques même si les prix du pétrole chutent jusqu'à 37 dollars le baril. Il a annoncé un nouveau plan de relance sur cinq ans, doté d'une enveloppe de 130 à 150 milliards de dollars. Ce qui veut dire que ce plan sera moins ambitieux que le précédent en cas de chute des prix du pétrole à hauteur des 37 dollars le baril. L'actuel programme de relance économique est doté, rappelons-le, d'une enveloppe de 180 milliards de dollars. Dans sa présentation du Plan d'action, le Premier ministre a d'ailleurs développé tout un argumentaire démontrant que l'Algérie a les moyens de faire face à la crise financière mondiale. Les réserves de change se situeraient à 50 milliards de dollars en 2014 à la fin de la mise en œuvre du nouveau plan de relance dans un scénario de maintien du rythme des dépenses d'investissements publics pendant cinq ans dans un contexte de prix du pétrole au niveau de 37 dollars. Ce qui veut dire que l'Algérie dans une telle hypothèse va puiser dans ses réserves de change. Un non-dit. Il convient de noter que 50 milliards de réserves ne représentent qu'un peu plus d'un an d'importation de biens et services, contre plus de trois ans actuellement. Les réserves de change à fin novembre se situent à 138 milliards de dollars. L'Algérie serait moins sécurisée financièrement face aux chocs extérieurs. Dans un tel scénario, pour maintenir 5 000 milliards de dinars de dépenses budgétaires par an (ce qui est prévu en 2009), il faudra puiser avec la baisse des recettes fiscales pétrolières à la fois dans le Fonds de régulation et les réserves en devises. Nous n'en sommes pas encore là. Il sera surtout question, à court terme, de rationaliser les dépenses publiques. Or, le Plan d'action ne prévoit pas une faiblesse du programme, une série d'actions pour améliorer la capacité d'absorption du pays. Tout semble reporté au chantier du Commissariat au plan qui consiste à évaluer le programme de relance actuel, à tirer les leçons pour préparer le nouveau plan de relance centré cette fois-ci sur une plus grande efficacité des dépenses publiques. Le Plan d'action à court terme ne développe pas, du reste, une esquisse d'une stratégie de diversification de l'économie. Le développement des exportations hors hydrocarbures est également renvoyé à la mise en œuvre de la stratégie industrielle et à la politique de mise à niveau. À noter que l'amélioration des conditions de vie des populations est liée à l'efficacité de l'outil de réalisation. Là aussi, le Plan d'action ne prévoit pas des mesures de restructuration ou de réorganisation, voire d'encadrement, pour améliorer les performances des entreprises. L'approche quantitative semble ainsi prévaloir sur la qualité de la dépense publique. Morale de l'histoire : c'est un plan à court terme. N'allez pas voir des indices de réponses, voire des solutions aux maux économiques du pays. Mais, de report en report, on finit par différer la mise en œuvre de la stratégie de sortie d'une économie monoexportatrice, dépendante des fluctuations des prix du pétrole, d'une économie fondée sur la rente et non sur la quête de la performance et de la compétitivité. Or, le temps des hésitations a un coût. Il a pour incidence, ne l'oublions pas, l'accentuation de la pression sociale. K. R.