Le RND, laminé lors des dernières élections, ne pourra en aucune manière gouverner seul le pays. Même la présidentielle risque d'être ajournée. Et pour cause... Tous les indices tendent à prouver qu'avant la fin de l'été, le patron du RND risque de se retrouver seul au timon gouvernemental. Même si la présidentielle d'avril 2004 est à l'origine de cette grande effervescence politique risquant tout bonnement de déboucher sur une très grave crise institutionnelle, l'ensemble des acteurs concernés s'accorde à dire que cela n'a rien à voir. Toujours est-il que le retrait du FLN et du MSP de la coalition gouvernementale, détentrice d'une écrasante majorité au Parlement, se cristallise de plus en plus à travers les déclarations des uns et des autres. Les motivations du parti de Benflis et de celui du défunt Nahnah ne sont toutefois pas tout à fait les mêmes. Le ministre des Postes et des Technologies de l'information et de la communication, Zineddine Youbi, membre du FLN, a révélé que lui et ses collègues ont déjà présenté à leur secrétaire général, Ali Benflis, une motion soutenant l'idée de leur démission de l'Exécutif depuis qu'il n'est plus tenu par un homme du parti majoritaire. Ali Benflis, en homme «pragmatique et sage», nous révèlent des sources proches de la direction de ce parti, avait tempéré les ardeurs de ces responsables. Il avait, on s'en souvient, conditionné le maintien de son parti au gouvernement par le choix souverain de ses ministres ainsi que sa participation à l'élaboration du nouveau programme, ce que Ouyahia et Bouteflika semblent avoir fait de bon coeur. Mais, depuis les attaques commises contre des sièges locaux du FLN et le silence troublant des pouvoirs publics, auxquels il faut ajouter les nombreux bâtons mis dans les roues des ministres du FLN, constamment soupçonnés de vouloir se servir de leur fonction pour mener campagne en faveur de Ali Benflis, l'idée vient d'être remise au goût du jour. «Les choses, cette fois-ci, sont sérieuses», précisent nos sources qui ajoutent que «le sujet sera très sérieusement débattu lors de la réunion de la commission exécutive nationale du FLN, prévue jeudi à Alger.» Cette commission regroupe, outre les membres du comité central, l'ensemble des ministres, députés et sénateurs du FLN à l'exception de ceux qui en ont été exclus pour les raisons que l'on sait. L'option n'est guère écartée puisque de très grandes pressions sont exercées en ce sens sur le secrétaire général du FLN, appelé en outre à tenir le congrès extraordinaire avant la fin de l'été, bien plus tôt que prévu donc, dans le but d'annoncer la couleur, d'officialiser sa candidature et de couper définitivement l'herbe sous les pied de ses détracteurs. Le retrait du FLN de la coalition gouvernementale deviendrait de ce fait inéluctable afin que la précampagne électorale puisse se dérouler normalement, puisqu'on compte surtout jouer sur les «résultats réalisés durant les 33 mois de présence de Ali Benflis à la tête du gouvernement». Le FLN, qui détient la majorité à la Chambre basse du Parlement, créerait une grave crise institutionnelle, s'il venait à mettre en application cette option. Dans le meilleur des cas, les députés continueraient, tant bien que mal d'«accompagner» les textes de lois gouvernementaux afin d'éviter un nouvel affrontement avec les plus hautes autorités du pays. Mais le risque est grand, toutefois, de voir l'APN dissoute en cas de refus réguliers, peut-être systématiques, de tous les futurs projets de lois de Ahmed Ouyahia. Le cas échéant, c'est carrément la présidentielle qui risquerait d'être reportée de quelques mois, voire une année, le temps que de nouvelles législatives soient organisées. Le risque d'aller vers des élections locales anticipées et partielles, n'est, lui aussi, pas tout à fait écarté puisqu'un des préalables au dialogue du mouvement des ârchs, tel que «suggéré» par certains courants radicaux, semble bien être la dissolution des assemblées locales élues en Kabylie.