Les premières victimes de cette situation sont toujours les filles dont la scolarisation est sacrifiée sur l'autel de la misère. Les villageois à travers le territoire de la wilaya de Batna s'expriment désormais à travers des routes coupées, des sièges d'APC fermés ou même des dénonciations auprès des services de sécurité. L'important est de réclamer ses droits même si on doute que cela changera le cours d'une vie publique de plus en plus en déliquescence. Au début de la semaine, une dizaine de citoyens du village de Boulefresse, commune d'Ouled Fadhel, daïra de Timgad à l'est de Batna, ont fermé la RN88, reliant Batna à Khenchela, à l'aide de pierres et de barricades pour exprimer leur ras-le-bol des bonbonnes de gaz butane et la nécessité de voir leurs foyers raccordés au réseau du gaz de ville. Dans la daïra de Thniat el Abed, au sud de la wilaya, la population de la région de Tleth a bloqué la RN78, reliant Batna à Biskra, pour manifester contre la dégradation d'un quotidien marqué par la vague de froid qui frappe les Aurès depuis le début de décembre. Ici, aussi, les protestataires ont soulevé le manque, et parfois l'absence totale, des bouteilles de gaz butane. La même préoccupation a été soulevée par les habitants des mechtas de Tafrount et Ouled Ghrour, dans la même région. Ils demandent à être régulièrement fournis en bouteilles du gaz butane et en mazout. Ils réclament, aussi, l'ouverture des pistes. La plupart des élèves de ces régions n'arrivent pas à rejoindre leurs écoles par ces temps de neige et de fortes pluies. Au cours de la semaine passée, une dizaine de citoyens du douar Ouled Bedda ont fermé le siège de la commune. Au menu de leurs préoccupations figurent l'ouverture des pistes par la réalisation d'au moins une route goudronnée. “Les pistes sont impraticables dès les premières gouttes de pluie et lorsqu'il s'agit de neige, alors là, on reste chez nous”, râle l'un des manifestants. “Cela contraint nos enfants à rester à la maison et à sécher l'école pendant des jours”, renchérit un autre. Les mêmes préoccupations sont affichées à chaque tournant de piste dans les villages de la wilaya. À Ouled Selam, daïra de Ras Layoun, à l'extrême ouest de Batna, les élèves souffrent le martyre pour rejoindre leurs classes. La commune ne dispose, selon des parents d'élèves, que de deux bus pour transporter environ 3 000 élèves vers 17 établissements scolaires dans les communes voisines. Il s'agit de 14 écoles primaires, 2 CEM et un lycée. “Une grande partie des élèves optent pour le transport privé, mais cette solution est onéreuse”, se plaint un parent. Les premières victimes de cette situation sont toujours les filles dont la scolarisation est sacrifiée sur l'autel de la misère. “Je n'ai pas confiance de laisser ma fille prendre une voiture avec un étranger dans ces contrées ou de traverser une piste à pied, même accompagnée par d'autre filles, car on ne peut jamais savoir ce qu'elles risquent de rencontrer sur ces routes”, se justifie un autre. En parallèle et sur fond de grogne, des enquêtes sur les dépassements signalés dans certaines APC sont menées par les services de sécurité. Ainsi, la Gendarmerie nationale a déclenché, dernièrement, une enquête concernant les opérations de réalisation et de distribution du logement rural dans la commune d'Oued Taga, daïra de Theniat el Abed, suite à des plaintes de citoyens. Plusieurs dépassements concernant l'attribution des logements ont été dévoilés. Ailleurs, une autre enquête est en cours dans la commune de Oued el Ma, daïra de Merouana, dont l'ex-P/APC est le principal mis en cause. D'après les premières informations, il s'agit de l'évaporation d'une somme de 23 millions de centimes du budget communal. Une somme qui devait être consacrée à la distribution du couffin du Ramadhan mais qui n'est jamais arrivée à ses légitimes bénéficiaires. Le juge d'instruction près le tribunal de Batna a déjà convoqué le concerné ainsi que des ex-employés de l'APC et des témoins. F. Lamia