À chaque fois qu'Israël agresse les Palestiniens, le Liban ou la Syrie, ses victimes les plus régulières, les régimes arabes sont montrés du doigt pour leurs réactions jugées en deçà des attentes de la rue. En réalité, ont-ils les moyens de faire plus ? Des voix s'élèvent depuis le début de l'agression israélienne contre Gaza pour dénoncer l'insuffisance des réactions des dirigeants arabes face à cette situation de détresse du peuple palestinien. C'est la même rengaine depuis des années. Mais, à voir les choses de plus près, on s'aperçoit que ces régimes arabes ne peuvent faire plus qu'ils ne font maintenant. En effet, de quels moyens disposent-ils pour aller au secours du peuple palestinien ? Hormis l'aide humanitaire, qu'ils offrent en fonction de leurs possibilités, les responsables arables n'ont aucune autre possibilité d'agir. Sur le plan militaire, la supériorité israélienne n'est plus à démontrer. En effet, avec ses deux cents ogives nucléaires et son arsenal conventionnel et non conventionnel, l'Etat hébreux bénéficie également du soutien sans limites de tout l'Occident à commencer par les Etats-Unis. Les précédentes guerres israélo-arabes ont montré par le passé qu'Israël a toujours l'avantage sur ce plan, d'où l'inutilité d'engager une confrontation militaire. En outre, sur le plan politique, les pays arabes n'ont pratiquement aucune chance de faire condamner Israël au sein du conseil de sécurité des Nations unies, seule instance internationale, dont les décisions sont exécutoires, tant que les Etats-Unis veillent à opposer leur droit de veto à toute résolution y faisant référence. Ils n'ont plus aucun moyen de pression pouvant leur permettre de s'assurer d'un soutien international contre Israël. Même l'arme du pétrole est devenue inefficace. Il est loin le temps, les années soixante-dix, où les Arabes se permettaient de créer une crise mondiale en recourant à la menace de fermer les vannes des puits de pétrole. L'or noir est au plus bas de ses niveaux et ne constitue plus une possibilité de se propulser en position de force. Il y en aura pour dire que les immenses avoirs financiers dont disposent les pays arabes peuvent servir pour s'imposer sur la scène internationale. Malheureusement, la crise financière mondiale est venue balayer d'un revers de main tout espoir d'y recourir. De toutes les manières, les richissimes Etats arabes, dont les fonds alimentent les plus importantes banques mondiales, notamment américaines, n'ont jamais songé à user de ce procédé dans le cadre du conflit israélo-arabe. Quant aux moyens de communication, qui représentent un outil efficace pour rivaliser avec l'ennemi, il ne fait aucun doute que le déséquilibre est trop flagrant en faveur de l'Etat hébreu, dont les ramifications internationales contrôlent la majeure partie des médias lourds de la planète. Tout ceci ne peut qu'expliquer le silence de certains régimes arabes, ou les réactions des autres contre les agressions israéliennes, se limitant aux condamnations et aux dénonciations. Que l'on cesse alors de rabâcher cette vieille rengaine, qui n'est d'aucune utilité, si ce n'est qu'à faire diversion et exacerber la tension dans les rues arabes, souvent victimes de l'ignorance. Merzak Tigrine