Il est des pépites cinématographiques qu'il est difficile, voire impossible d'ignorer. Arte réalise le casse de la semaine et offre à ses téléspectateurs un lingot lustré par Francis Ford Coppola : Le Parrain III. Qui, pour singer un mafioso, n'a jamais parlé avec un accent de rital, une voix cassée et un air idiot ? C'est dire jusqu'où peut aller le succès d'un film. Dans le Parrain III, Al Pacino réinvente encore une fois “la familia” et signe fébrilement la fin d'une trilogie qui a tenté jusque-là de vous garder proche par votre admiration, et encore plus proche par votre déception… “Atteignant la soixantaine, Michael Corleone désire à la fois renouer avec les siens et se réhabiliter aux yeux de la société, surtout de l'Eglise. Il arrivera presque à ses fins, mais sa vie passée et ses anciens ennemis le rattraperont plus vite. Pendant ce temps, la fille de Michael, Mary, et son neveu, Vincent (le fils de Sonny), nouent une idylle qui n'est pas la bienvenue dans la famille. Il décide d'aider le Vatican à renflouer ses caisses et reçoit en échange le contrôle d'une entreprise immobilière leur appartenant. Attisant la jalousie de ses pairs, Michael échappe de justesse à un attentat commis par l'un d'eux. Vincent se propose alors pour reprendre les affaires de la famille en main…” Adapté du livre de Mario Puzzo en 1972 sur grand écran par Francis Ford Coppola, le film est très vite devenu culte, la musique du film, signée Nino Rota, est devenu l'hymne d'un cliché souvent parodié au cinéma. Dix-neuf ans après que les spectateurs aient découvert Al Pacino pour la première fois dans le rôle de sa vie, le Parrain, Francis Ford Coppola clôt cette trilogie culte avec ce volet époustouflant, bien que visiblement en dessous des deux autres volets. En effet, cette suite n'est pas à la hauteur des deux versions précédentes, elle est molle, lente, moins dynamique, à l'image d'un parrain fatigué, désœuvré et rongé par la culpabilité, que nous joue Pacino dans le film. Les nostalgiques du Parrain des premières heures se verront frustrés, déçus, et ne retiendront du film que les souvenirs de Michael Corleone, c'est-à-dire, des passages du Parrain I… Le nouveau casting – qui se voulait pourtant prometteur – n'a pas convaincu. Pourtant, Sofia Coppola, la fille du maître, malgré le fait qu'elle se soit retrouvée parachutée à la dernière minute dans le film (Winona Ryder, malade, s'était désistée), a eu un Award pour le rôle de Mary Corleone : le Razzie Award de la Pire révélation de l'année et du pire second rôle féminin en 1990... Son plus beau rôle aura donc été celui de Domino, le bébé de la fameuse scène du baptême dans le premier Parrain. Quant à Andy Garcia, on ne peut pas dire que la reprise des affaires par ce dernier ait été passionnante… On est loin du Parrain des années 70 ! Bien sûr, le savoir-faire de Coppola est toujours là et la présence de Pacino toujours aussi fascinante. L'esprit de famille est protégé (au détriment de l'esprit du film). Le final est tout bonnement inoubliable rendant ce volet indispensable. À voir… avec indulgence. Ziad Achour