Le conflit israélo-palestinien connaît un développement dangereux, avec l'intensification des massacres provoqués par la machine coloniale de l'Etat hébreu contre le peuple palestinien. Le carnage qui se poursuit à Gaza, au vu et au su de tout le monde, ne peut laisser indifférents les peuples de la planète, encore moins les forces qui appuient et qui luttent pour le triomphe du processus de décolonisation de tous les territoires non autonomes, de tous les territoires illégalement par les forces d'occupation. À commencer par les territoires occupés de la Palestine. Par-delà le soutien fort nécessaire à une cause juste et à la lutte de libération nationale du peuple palestinien, il urge de dépassionner le débat sur le conflit israélo-palestinien, particulièrement dans le contexte guerrier qui prévaut actuellement. Un contexte à l'origine de tant d'émotions, de tensions et d'aveuglement, mais également de grande confusion et de calculs politiciens et démagogiques. Les origines du conflit israélo-palestinien remontent à l'année 1917 et sont à chercher dans le contenu de la Déclaration d'intentions du ministre des Affaires étrangères britannique, lord Balfour. Selon ce dernier, la puissance coloniale d'antan, “envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif, et (…) emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine, ainsi qu'aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans les autres pays”. Le 29 novembre 1947, l'ONU adopte la résolution 181 annonçant la fin du mandat britannique et un plan de partage de la Palestine, qui prévoit la création de deux Etats indépendants : un Etat israélien et un Etat palestinien. Alors que l'Etat d'Israël est né en 1948, celui des Palestiniens tarde encore à voir le jour. Aujourd'hui, de plus en plus d'analystes en arrivent à se demander si on peut considérer l'Etat d'Israël comme “légitime” devant tant d'injustices faites aux Palestiniens, et s'il faut s'étonner que cet Etat, qui n'a cessé de se renforcer et de se surarmer, voit sa légitimité toujours contestée. Devant ces interrogations, il est aussi constaté que “la violence fondatrice” de l'Etat hébreu n'a pas disparu avec le temps, au grand malheur du peuple palestinien, mais également des nouvelles générations d'Israéliens. D'aucuns rappellent que le sionisme, cette “idéologie politique et non religieuse au départ”, a toujours pour objectif la conquête de toute la Palestine. Comme en 1947 (plus de 650 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs terres) et en 1967 (des centaines de milliers de Palestiniens chassés de leur maison), la déportation des Palestiniens demeure une priorité pour les néo-sionistes : ces derniers, profitant d'un rapport de forces qui leur est toujours favorable, veulent imposer le fait accompli et poursuivre le morcellement des territoires palestiniens occupés, en vue de les posséder définitivement. Mais en attendant, les partisans de l'Etat ethno-colonial d'Israël veillent à maintenir les rivalités interpalestiniennes et à rejeter toute constitution d'une communauté politique palestinienne (OLP, gouvernement d'union nationale de 2007, Hamas…), à entretenir l'amalgame entre la légitime résistance armée et le terrorisme aux fins de disqualifier toute lutte de libération, à contraindre les négociateurs palestiniens à de nouvelles concessions, qui seront la base de départ de nouvelles exigences israéliennes, à profiter de “l'obsession sécuritaire et (de) l'alibi démocratique” et à exploiter la désunion du monde arabe qui voit “ses gouvernants écartés entre le souci de ne pas déplaire aux Etats-Unis et la crainte d'apparaître alignés sur eux, incapables de proposer des solutions crédibles ou efficaces ou d'offrir de solides appuis au nationalisme palestinien”. Que dire de plus, sinon que quelles que soient les erreurs des responsables palestiniens, l'Etat d'Israël en est le principal responsable. Sa présence ne sera pleinement légitime que lorsque les autorités de Tel-Aviv admettront enfin que les règles fondamentales du droit international s'appliquent à elles. Car, la question de la décolonisation des peuples colonisés et occupés, et les valeurs de justice sont avant tout du ressort de l'universel, du droit international. Toutes ces tentatives visant à rendre le conflit israélo-palestinien plus complexe ne changent rien au problème de fond : le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'indépendance. Hafida Ameyar