Craintes d'une crise humanitaire à Gaza. Voilà l'argument massue que la communauté internationale, y compris certains régimes arabes, invoque pour implorer Israël de cesser son holocauste. Quelle hypocrisie ! Israël ignore superbement les appels internationaux à un cessez-le-feu, poursuivant inlassablement et laborieusement son forfait à Gaza. Ses autorités n'arrêtent pas de clamer qu'ils poursuivront leur agression jusqu'à ce que “la paix et la tranquillité des villes sud-israéliennes à portée des roquettes du Hamas soit assurées”. Le massacre se poursuit à huis clos, en l'absence de la presse. La liste des victimes s'allonge et l'inquiétude grandit face au risque de crise humanitaire à Gaza, un mouchoir de 40 km sur 10. Même la Chine — on ne sait pas trop pour quelle raison — a enfourché ce cheval de la crise humanitaire, alors que c'est une agression militaire. Le président chinois Hu Jintao a fait part à son homologue américain George W. Bush de son inquiétude au sujet de la crise humanitaire, dans un entretien téléphonique. L'offensive terrestre lancée en début de semaine par Israël a entraîné des coupures d'électricité et des communications, et une grave pénurie de denrées alimentaires dans ce territoire palestinien surpeuplé, selon des agences de l'ONU. Le Premier ministre australien Kevin Rudd a jugé “crucial” pour Israël de permettre à la population de Gaza d'accéder à ses besoins fondamentaux, et le Canada a appelé la communauté internationale à se concerter pour lui assurer l'accès à la nourriture, au carburant et aux fournitures médicales. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a lancé un appel dans le même sens demandant à Israël d'autoriser l'accès de l'aide humanitaire aux populations civiles de Gaza. Devant la dégradation de la situation humanitaire, le haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, a demandé l'ouverture des frontières de Gaza pour permettre aux Palestiniens qui le souhaitent de quitter le territoire. Les Palestiniens doivent pouvoir fuir la bande de Gaza et trouver la sécurité dans d'autres pays, conformément au droit international, a-t-il souligné, en demandant l'ouverture et la sécurisation de toutes les frontières et de toutes les routes d'accès. Côté régimes arabes, c'est toujours la fuite en avant. La Ligue arabe, qui n'est pas parvenue à obtenir un consensus entre ses membres pour tenir un sommet extraordinaire lorsqu'Israël a commencé ses tueries, s'en remet au Conseil de sécurité, bien que ce gendarme du monde soit bloqué par les Etats-Unis. Le président syrien, Bachar el-Assad, n'a pas trouvé mieux que d'exhorter le cheikh Youssef el-Qardaoui, responsable de l'Union internationale des oulémas musulmans, à mobiliser les peuples arabes et musulmans pour qu'ils apportent leur aide au peuple palestinien résistant de Gaza ! Les appels à une solution diplomatique se multipliaient mardi, alors que l'attaque israélienne, depuis le début des bombardements le 27 décembre, a fait plus de 550 morts et 2 500 blessés palestiniens, dont l'écrasante majorité sont des civils, femmes et enfants principalement, selon le secrétaire adjoint des Nations unies aux questions humanitaires, John Holmes. D. Bouatta