Une fois n'est pas coutume. le président de la Fédération algérienne de football, M. Hamid Haddadj, s'est laissé aller, dimanche, lors de sa conférence de presse, à des révélations plus au moins “croustillantes” qui contrastent franchement avec sa réserve habituelle. Haddadj aura attendu la fin de son mandat, puisque depuis le 31 décembre dernier, jour de son élection en 2004, ce mandat est réglementairement terminé, pour se lâcher. D'abord, il commencera par annoncer officiellement ce qui était en vérité un secret de Polichinelle, à savoir qu'il ne briguera pas un second mandat pour “respecter les directives du décret 05-405”, après avoir, pendant les deux tiers de son mandat, rejeté ce même décret au nom de l'indépendance de la FAF par apport aux pouvoirs publics, et par “respect aux principes de la Fifa”. Haddadj rendra public, en outre, le barème indemnitaire offert aux joueurs de l'EN en cas de qualification à la CAN et au mondial-2010, et de conclure sur une flèche assenée au corps arbitral qui voit cinq de ses membres, suspendus jusqu'à la fin de saison pour des “fautes d'appréciation graves”. Il faut admettre que Haddadj n'a pas été du tout avare en “confessions”, lui qui s'est abstenu pendant quatre ans, de toutes “déclarations fracassantes”. À ce titre, la sortie médiatique de dimanche dernier prend vite l'allure d'un discours d'adieu d'un homme dont on dit qu'il est aujourd'hui “blasé par tout ce qu'il a enduré” à la FAF et qui “n'aspire qu'au repos du guerrier”, pour reprendre l'expression d'un proche à lui. En vérité, avec ou sans le décret 05-405, Haddadj avait décidé, depuis pas mal de temps déjà, de tirer sa révérence, même s'il a donné parfois l'impression d'entretenir le suspense. Il suffit à ce propos de rappeler le bras de fer qu'il a déclenché avec l'ancien ministre de la Jeunesse, M. Yahia Guidoum, au sujet justement de l'application de ce fameux décret de discorde pour se rendre compte que cet argument est peu probable. En fait, Haddadj sait qu'il est contesté au niveau de la base. Les critiques acerbes qu'il a essuyée de la part des présidents de club et surtout des présidents des ligues de wilaya à propos justement de sa “passivité” au sujet de l'application du décret 05-405, l'ont assurément fragilisé d'où “l'impossibilité” d'un second mandat. Haddadj a préféré donc se retirer sous peine de se limiter à jouer un rôle de lièvre lors du prochain scrutin de la FAF. C'est réaliste et pertinent. Cela s'appelle de la realpolitique. En revanche, son approche par apport au sujet de l'arbitrage et de l'équipe nationale parraît beaucoup moins pertinente. En effet, Haddadj décide de traîner avec lui 5 “pigistes” pour lesquels il a du reste prédit “une radiation méritée du corps des arbitres”, et établi un barème des primes pour les joueurs et le staff de l'équipe nationale en cas de qualification à la CAN et au Mondial-2010, dont il ne sera pas comptable puisqu'en novembre 2009, date de la fin des éliminatoires, il ne sera tout simplement plus là. Cadeaux empoisonnés Il ne s'agit, là, naturellement, pas de discuter de la justesse de telles sanctions contre les arbitres, mais pourquoi attendre le moment des adieux pour pointer du doigt avec autant de fermeté un mal qui ronge le football national depuis belle lurette. C'est la première fois, d'ailleurs, que des sanctions d'une telle importance sont annoncées officiellement par la FAF même si le président sortant a pris le soin de ne pas citer des noms ? (voir notre édition d'hier). Il faut remonter, d'ailleurs, à 2002 pour retrouver les traces d'une sanction d'une telle envergure (14 arbitres suspendus). Pourtant des erreurs plus graves ont été commises la saison dernière par les arbitres sans que Haddadj ne daigne dégainer ! À moins que l'intéressé ait voulu se libérer d'un regret, celui de n'avoir pas pu sévir à temps dans un domaine truffé de “brebis galeuses”. Haddadj a promis, par ailleurs, un pactole de 100 000 euros à chaque joueur et membre du staff de l'EN en cas de qualification au Mondial-2010. C'est en substance une bonne démarche d'autant plus que la FAF s'aligne sur l'offre de notre principale concurrent pour le mondial sud-africain à savoir l'Egypte dont la fédération a promis 150 000 dollars aux Pharaons en cas de qualification. Seulement, voilà Haddadj s'avance sur des négociations qui ne sont normalement plus de son ressort, mais de celui de son futur successeur. Il appartient au futur patron de la FAF qui devrait être élu avant le premier match des Verts dans les éliminatoires, prévu à la fin mars à Kigali contre le Rwanda, de trancher la question en collaboration avec les responsables et les joueurs de l'EN. Et puis Haddadj a-t-il vraiment les assurances des pouvoirs publics quant au règlement de cette prime qui représente tout de même la somme globale approximativement de 35 milliards de centimes pour les 40 personnes qui composent l'EN (staff médical compris) ? Sachant que le budget annuel de la FAF ne dépasse pas les 35 milliards de centimes par an (celui de l'Egypte est de 200 milliards), dépensé entre autres dans l'organisation des différents championnats, les compétitions des EN, et le payement des salaires du personnel, il est à se demander où compte Haddadj (mais en fait son successeur) chercher les 35 autres milliards pour honorer “ses” engagements vis-à-vis des Verts ? S'agit-il d'une dotation spéciale de l'Etat pour le Mondial-2010 ? Haddadj n'en dit pas plus. Il s'est limité à lancer la balle dans le camp de son successeur en lui disant tout simplement “débrouilles-toi pour trouver l'argent, moi j'ai déjà établi le barème”. SAMIR LAMARI