Une révolution inachevée, voilà comment M. Abderrahmane Iddir qualifie la révolution industrielle rêvée par le président Houari Boumediene. Dans son livre L'Industrie algérienne, bilan et perspective, tout au long des 146 pages, l'auteur a voulu “relater l'épopée glorieuse de l'industrie algérienne et de sa longue trajectoire vers sa chute”. L'auteur, qui a une longue expérience dans l'industrie, passe en revue les politiques industrielles menées dans les années 1970, l'organisation mise à l'époque et l'évolution de la production. M. Abderrahmane Iddir revient sur les problèmes de l'industrie au cours des années 1970. La réalisation des investissements industriels a été caractérisée par des coûts élevés et des délais trop longs. L'allongement de délais de réalisation avait pour effet un glissement dans le temps du planning de production projeté. Les efforts d'industrialisation n'ont pas réduit significativement la dépendance du pays des importations, une dépendance devenue structurelle et durable après la crise économique des années 80 et l'ouverture du marché dans les années 90. L'auteur évoque les mesures de redressement prises dans le cadre du plan quinquennal 1980 à 1994, traduction de nouvelles orientations de la politique économique du quatrième congrès du FLN tenu en 1978, après la mort du président Houari Boumediene. Alors, l'auteur évoque les restructurations des secteurs de l'énergie, de l'industrie lourde, de l'industrie légère… en passant par la loi sur l'autonomie des entreprises publiques. Après le plan quinquennal, un nouveau coup de frein a été donné à l'investissement et à la consommation par l'effet de l'effondrement du prix du pétrole en 1986. Ce fut le début de la descente aux enfers. C'est la récession économique qui a rapidement dégénéré en crise politique majeure au début des années 90. En 2006, l'industrie algérienne hors hydrocarbures a représenté moins de 6% de la production intérieure brute. M. Abderrahmane Iddir dresse le bilan des nouvelles réformes de l'entreprise, dont les résultats économiques sont dus aux seules augmentations de la production et des prix du pétrole, “des résultats fragiles et loin d'avoir arraché le pays à la précarité économique”. L'auteur estime que “certains préalables sont indispensables à l'application d'une politique économique capable de sortir le pays de la stagnation et de le ramener sur le chemin de la croissance”. Il propose des mesures d'ordre institutionnel, financier et administratif, “à prendre pour concrétiser les conditions de développement dans le cadre d'une économie de marché ouverte, mais orientée et centralisée”. M. R.