Angela Merkel a pu, après une rencontre avec Vladimir Poutine, vendredi 16 janvier, annoncer la mise en œuvre d'une phase-test conclue après une rencontre entre les entreprises de gaz européennes, d'une part et le géant Gazprom, fournisseur en relation avec Naftogaz, l'entreprise ukrainienne chargée de son acheminement. Selon la chancelière allemande, “cette phase de test est destinée à expérimenter des régimes aptes à garantir les livraisons de gaz vers l'Europe et les Balkans, tout en garantissant que ce gaz ne disparaisse pas quelque part en Ukraine”. Angela Merkel donnant implicitement du crédit aux accusations russes, quant au pillage, par les Ukrainiens, du gaz destiné à l'Europe. Cette phase-test devrait être mise en place assez rapidement, grâce à la collaboration de grosses entreprises spécialisées dans la distribution, telles Gaz de FranceSuez, ENI, et Gazprom, afin “de trouver des solutions faisables”, selon la chancelière allemande. De son côté Vladimir Poutine pense que les détails d'ordre technique, peuvent très bien trouver des solutions, alors que le vice-Premier ministre Igor Setchine souligne l'importance de l'accord entre les grosses entreprises européennes du domaine de l'énergie, décidées à s'organiser en consortium afin de résoudre la crise actuelle du gaz. Selon M. Poutine, la Russie aurait intérêt autant que Gazprom qui enregistre “des pertes immenses”, à ce que l'accord soit mis en œuvre. Toujours d'après M. Poutine, “il serait intéressant de créer un groupe d'experts internationaux afin de vérifier l'état technique du système de transit gazier ukrainien, et déterminer les meilleures routes pour nos exportations de gaz et nous prémunir, ainsi que les consommateurs, contre le vol incessant de notre gaz”. Selon Angela Merkel, l'accusation russe concernant le vol de gaz par l'Ukraine “est d'un problème compliqué, dans lequel je ne veux accuser personne”. Mais Vladimir Poutine n'en démord pas et accuse l'UE de partialité manifeste car “l'UE soutient de facto l'Ukraine”, puisqu'elle place la Russie et l'Ukraine sur un pied d'égalité. Dès samedi 17 janvier, le Premier ministre ukrainien, Loulia Timochenko, compte rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine, pour une visite de travail destinée à aplanir les difficultés apparues dans l'acheminement du gaz russe vers l'Europe tout en assurant des livraisons fiables à l'Ukraine, pays de transit. Or, des menaces semblent exister, visant à abandonner le système de gazoducs ukrainiens, si le transit ne reprend pas assez vite. Loulia Timochenko a, dès son départ pour Moscou, énoncé les principes moteurs de ses négociations futures avec Vladimir Poutine qui souhaite négocier : “pas d'intermédiaires, des relations directes entre Gazprom et Naftogaz (entreprises russe et ukrainienne du gaz), des prix mutuellement avantageux pour le gaz et le transit, pas de privatisation des gazoducs, et tout le gaz fourni par la Russie sera envoyé à l'Europe”. Samedi matin, à Dresde, le Premier ministre russe s'est montré optimiste quant à la sortie de crise, et qu'au bout du compte, “une solution sera trouvée, entre la Russie et l'Ukraine”. Sincère volonté d'aboutir à un compromis ou vœu pieux, l'avenir le dira, puisque hier encore, Gazprom le géant russe du gaz, accusait les Ukrainiens de continuer d'empêcher le transit d'un volume de 99,2 millions de m3 de gaz par jour, par la station de Soudja à la frontière russo-ukrainienne, par leur refus d'honorer la requête russe faite en ce sens. Rappelons que la fourniture de gaz russe via l'Ukraine a été interrompue le 7 janvier de l'année en cours. En Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe victime de la guerre du gaz, entre la Russie et l'Ukraine, on a dû renvoyer chez eux les pensionnaires d'un hôpital où règne un froid glacial, afin qu'ils puissent s'y chauffer au bois, en attendant que s'ouvrent de nouveau les vannes des gazoducs. Les médecins, après la fermeture de l'hôpital, doivent se rendre au chevet des malades qui, souvent ne disposent chez eux ni de chauffage ni de nourriture chaude. En plus de Loulia Timochenko, Premier ministre ukrainien et de Vladimir Poutine, le Premier ministre serbe, accompagné de son ministre de l'Energie, assistait au sommet sur le gaz de Moscou, dans le but de trouver une issue à cette crise qui affecte de nombreux pays européens depuis plusieurs jours d'un hiver particulièrement rigoureux. Synthèse Djamel Zidane