Kheïra raconte à Yasmine l'histoire de sa vie. Une vie assez triste. Yasmine est vraiment désolée pour sa mère adoptive. Yasmina s'essuya les yeux et se jeta dans les bras de Kheïra : - Pauvre mère, toi si douce et si bonne. Quel sort malheureux ! - Je ne m'en plains pas trop depuis que je t'ai à mes côtés. Tâche d'être plus habile et mieux avertie que moi, de toute manière, les temps ont changé et tant que je suis sur terre, je veillerais à ce que ton sort soit bien meilleur que le mien. Quelques années plus tard, Yasmina termine ses études et devient médecin. Elle ouvrit son propre cabinet, et connu un jeune de la même profession qu'elle. Ils s'entendaient si bien qu'ils décident d'unir leur vie sans trop tarder. Ce qui fut fait avec la bénédiction de Kheïra qui pleura de joie, et de la famille du jeune homme qui s'empressa d'officialiser les choses. Yasmina se maria donc par un beau jour de printemps, et comme la crise de logement ne lui permit pas d'avoir son propre foyer, elle opta pour une cohabitation avec sa mère adoptive, qui ne fut que plus heureuse de la garder sous son toit. Ainsi donc, tout rentra dans l'ordre, et le bonheur fut au rendez-vous durant de longs mois. Mais voilà qu'un jour, une des tantes du jeune mari se présenta chez Kheïra pour demander des nouvelles de son neveu. Kheïra la reçut fort bien et l'invita à dîner avant de lui proposer de passer la nuit. Sur l'insistance des jeunes gens, la vieille tante décida de rester, et la soirée fut des plus agréables. Kheïra prépara un lit dans sa propre chambre, et les deux vieilles furent heureuses de discuter encore ensemble un moment. Kheïra qui n'arrivait pas à trouver le sommeil fut frappée par un grain de beauté, que son invitée avait au front - Excuse-moi, vénérable bonne femme, mais ce grain de beauté que tu as au front me rappelle quelque chose, on dirait qu'on s'est déjà rencontrées, quelque part. - Tu veux rire ou quoi Kheïra. Mais bien sûr qu'on s'est rencontrées il y a de cela 45 ans. - 45 ans ! quelle mémoire, mon Dieu ! Mais où avait-on pu se rencontrer puisque tu t'en rappelle si bien ? - Mais voyons, Kheïra, tu ne t'en rappelles vraiment pas ? Pourtant, tu as failli devenir ma propre belle-sœur. - Ta propre belle-sœur ! voyons un peu : ne serais-tu pas par hasard ? - La sœur d'Ali. Je suis Ouardia, la sœur du sourd-muet qui devait devenir ton mari, et qui se trouve être le père de ton gendre. - Comment ? tu plaisantes ou quoi ? Ali est mort il y a de cela 15 ans. - Et alors ? n'a-t-il pas laissé trois enfants ? et c'est le plus jeune qui a fait de toi une belle-mère. Kheïra se sentit mal à l'aise tout à coup. - Ce peut-il que ce soit vrai, mon Dieu ? - Pour vrai, il n'y a pas plus vrai. Tu n'as qu'a comparer les noms. Kheïra écarquille les yeux : oui. C'était vrai. Comment une telle chose a-t-elle pu lui échapper ? - Cela est vrai, s'écria-t-elle. Mais le nom n'est peut-être qu'un homonyme. - Allons Kheïra, cesse de fermer les yeux, la vérité n'est pas aveugle, et les voies du destin sont impénétrables. L'homme que tu as refusé d'épouser, et je ne t'en blâme pas pour ça connaissant les causes, est le propre père de ton gendre. Kheïra ne put fermer l'œil de la nuit après une telle révélation. Elle pensa mille et une fois à la façon dont elle aura à raconter un jour la vérité à Yasmina. Mais cette dernière une fois au courant ne fit aucun commentaire, et jugea que son bonheur était trop précieux pour se préoccuper de telles banalités. Y. H.