S'il est vrai que l'état des routes ne peut être changé du jour au lendemain, tout en sachant que des efforts gigantesques sont entrepris pour l'amélioration du réseau routier et des conditions de circulation, en revanche, il est possible d'agir sur les véhicules à travers un contrôle technique rigoureux et tatillon. Le chiffre révélé jeudi devant les députés par le ministre des Transports a de quoi donner des frissons à ceux qui montent dans les véhicules. Pas moins de 4 151 Algériens sont tués dans des accidents de la route en 2008. Autant, sinon plus, que le nombre de victimes annuel du terrorisme dans les années quatre-vingt dix ! “Le terrorisme de la route” : l'expression, passée dans l'usage courant des Algériens, trouve aujourd'hui toute sa signification dans ces chiffres terrifiants. Et encore ils ne disent pas tout, car pour chaque personne décédée sur la route, c'est au moins deux autres victimes sinon plus qui sont frappées d'un handicap à vie et qui deviennent des charges pour l'Etat. Et ce n'est pas faire preuve de cynisme en soulignant aussi cet aspect du phénomène qui se chiffre lui aussi en milliards de dinars qui viennent grever le budget de la Sécurité sociale. Mais le plus dramatique, c'est que rien ne semble stopper la spirale des accidents qui monte d'année en année. En 2008, il y a eu 367 victimes de plus par rapport à 2007. Où va-t-on avec une telle cadence de morts et de victimes ? Une question qui, en pointant l'ampleur du phénomène, sonne aussi comme un échec patent de toutes les mesures prises ces dernières années par les autorités pour, à tout le moins, ralentir le nombre d'accidents, sachant que la tolérance zéro relève tout simplement de l'impossible chez nous. Et pourtant, le diagnostic a été posé et reposé à maintes reprises. Le facteur humain, les défaillances techniques des véhicules et l'état des routes sont, dans l'ordre, les causes de ces accidents. S'il est vrai que l'état des routes ne peut être changé du jour au lendemain, tout en sachant que des efforts gigantesques sont entrepris pour l'amélioration du réseau routier et des conditions de circulation, en revanche, il est possible d'agir sur les véhicules à travers un contrôle technique rigoureux et tatillon. Ce qui est malheureusement loin d'être le cas. Dans certaines stations de contrôle, les certificats de contrôle sont délivrés sans que le véhicule soit soumis au check-up nécessaire. Il suffit juste de glisser un billet de 1 000 dinars dans la carte grise. Mais le plus grand danger reste l'homme lui-même. Une politique de répression impitoyable, adossée à une vraie campagne de sensibilisation efficace doit être désormais le mot d'ordre des autorités si l'on veut vraiment en finir avec le terrorisme de la route. Et faire en sorte que c'est l'homme qui prend la route et non pas la route qui prend l'homme. O. O.