Le programme de développement de la pétrochimie ne sera pas affecté par les méfaits de la crise financière internationale. Le ministre de l'énergie et des mines, M. Chakib Khelil, estime qu'il s'agit de projets stratégiques dont deux sont déjà en cours de réalisation. “Comme le financement de tous ces projets se fera sur le marché local, le problème de la crise ne se posera pas par conséquent”, explique le ministre. La difficulté risque d'être sentie, en revanche, par les sociétés étrangères, appelées à effectuer des apports en capitaux. Une chose est certaine, souligne-t-il, ces investisseurs ne s'engagent pas dans des projets de 3 milliards de dollars sans avoir au préalable un apport de capital d'au moins 500 ou 600 millions de dollars. Ils travaillent sur le long terme dans ce secteur. Revenant sur les quatre contrats signés récemment par des sociétés étrangères pour l'exploration de nouveaux gisements, d'une enveloppe de 272 millions de dollars, Chakib Khelil indique que ces firmes apporteront, outre leur expérience, management et technologie dans ce domaine, du cash à leur partenaire Sonatrach qui détient 51% du capital de ces projets. Ces entreprises telles Gazprom, British gaz, Eon… peuvent également donner des possibilités à la compagnie nationale afin qu'elle puisse développer des partenariats à l'étranger ou exporter son gaz. Avec l'Eni, par exemple, Sonatrach a déjà concrétisé des partenariats au Mali. Le ministre précise que ces contrats ont été paraphés suite à des appels d'offres lancés conformément aux dispositions de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Ainsi chaque firme a signé un contrat avec son partenaire Sonatrach et l'agence de régulation Alnaft qui est le représentant du gouvernement. Cette dernière contrôle l'exécution de ces contrats en préservant les intérêts de l'Etat. L'Autre agence de régulation des hydrocarbures (ARH) supervisera le travail de ces firmes étrangères pour les aspects liés à l'hygiène, la sécurité et l'environnement. Carburants : “La loi prévoit un ajustement des marges et non des prix” Sur un autre registre ayant trait à la tarification des produits pétroliers, notamment les carburants, le nouveau texte de loi prévoit chaque année, affirme le ministre, un ajustement des marges. “On ne parle pas des prix. Les tarifs, pour nous, sont une conséquence d'une addition des coûts de production, de transport, de stockage, des marges ainsi que des taxes. L'ARH détermine donc ces marges, telles que celles de Naftal ou des opérateurs privés, sur la base de ces coûts. Par conséquent, une fois ces marges introduites dans les prix, la tarification est systématiquement revue à la hausse”, explique Chakib Khelil. Et d'ajouter : “On n'augmente pas ces marges qu'une fois le gouvernement statue à ce propos.” Généralement, avoue le ministre, l'Exécutif procède à des changements dans les taxes pour qu'il n'y ait pas d'augmentation des tarifs. Concernant l'exportation du gaz, Chakib Khelil estime que l'augmentation de 7,5 milliards de m3, en 2008, de la capacité du gazoduc qui va vers l'Italie, a attiré de nouveaux partenaires en plus des anciens. “Avec ces nouveaux partenaires, nous avons signé des contrats à long terme que nous allons satisfaire”, indique le ministre, invité jeudi de l'émission “Evénement à la une”, de la radio chaîne III. Sonatrach a 10 milliards de dollars de cash à la BEA Suite à la crise qui a surgi entre la Russie et l'Ukraine, Chakib Khelil confirme la demande exprimée par la Croatie pour qu'elle soit approvisionnée en gaz par l'Algérie. “Mais comme ce pays n'a pas de terminal de regazéification, il n'est pas relié au système de gazoduc avec la Slovénie, nous sommes en train de chercher un moyen pour l'approvisionner en gaz algérien. Ainsi, la Croatie pourrait devenir un client de l'Algérie”, souligne-t-il. En termes de réserves et de capacités de production de gaz, l'Algérie est classée, rappelle-t-il, troisième au monde derrière la Russie et la Norvège. En GNL, en revanche, la Sonatrach est parmi les plus grandes sociétés exportatrices dans le monde. En ce qui concerne le risque de gel des projets inscrits dans le programme de développement de la Sonatrach, entre 2008 et 2012, évalué à 63 milliards de dollars, M. Khelil est catégorique : “Non”. “Pourquoi gelés ?” s'interroge-t-il. “La Sonatrach dispose déjà d'une enveloppe de plus de 10 milliards de dollars cash dans la banque extérieure d'Algérie (BEA). En plus, ces projets se financent à hauteur de 70% sur le marché financier. Et la Sonatrach a accès à toutes ces ressources sur le marché financier local”, répond-il. En outre, argue-t-il, il ne faut pas voir 2009 comme une année d'échec. Ça sera une année, selon lui, “normale, moyenne”. Pour le ministre, “ce n'est pas le niveau de 40 dollars le baril de pétrole qui nous obligera à reporter les projets de Sonatrach ou même ceux de l'Etat”. Car, à un seuil de 40 dollars le baril, les recettes avoisineront, selon ses estimations, les 38 milliards de dollars. “Un tel montant demeure toujours important”, confie-t-il. En outre, l'Algérie ne va pas continuer à importer éternellement, dit-il, à raison de 35 milliards de dollars comme c'est le cas pour l'exercice 2008. “Il faut bien qu'un jour l'Algérie fasse de la production. Que ces équipements importés servent à produire à l'avenir”, remarque-t-il. À une question sur l'évolution de la demande américaine en pétrole à la faveur de la politique énergétique que mettra en œuvre le nouveau président américain, Chakib Khelil estime qu'elle (la demande) ne sera pas aussi importante que celle qui émanera de la Chine et de l'Inde. Car ces deux pays ont un taux de croissance assez élevé. Il espère également que les spéculateurs ne retournent plus sur le marché pétrolier parce que, selon lui, ils risquent de créer beaucoup de problèmes. “Après qu'ils aient reçu une bonne raclée, je pense qu'ils ne vont pas reprendre une telle option”, ironise-t-il. Tout en confirmant la tenue de la réunion de l'Opep le 15 mars prochain, le ministre de l'énergie infirme cependant toute rencontre en février. Interrogé sur les recettes tirées de la taxe sur les profits exceptionnels pour l'exercice 2008, Chakib Khelil répond sans exactitude qu'elle se situe en général autour de 2 milliards de dollars/an. Quant aux dividendes transférés par les sociétés étrangères, ils sont évalués entre 3 et 4 milliards de dollars. “C'est l'équivalent à peu près de 4% des revenus totaux reçus par ces compagnies comme rémunération de leurs investissements en Algérie. Elles prennent des risques importants”, précise-t-il. B. K.