Le ministre de l'Energie et des Mines estime que l'Algérie devrait exporter plus de gaz vers les Etats-Unis et l'Asie. L'impact de la crise gazière entre la Russie et l'Ukraine, “pour le moyen et le long terme, ne devrait pas être globalement positif pour l'Algérie”. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, dans une interview à la revue Pétrole et gaz arabes (PGA), à paraître jeudi, soutient que la loi sur les hydrocarbures a rendu l'Algérie “très compétitive”. Le ministre de l'Energie affirme que pour le 1er semestre 2006, les prix ne devraient pas baisser en dessous de 50 dollars le baril. Pour lui, l'entrée durable du marché pétrolier dans une période de prix du pétrole élevés n'est pas à “exclure”. Sur l'impact de la crise russo-ukrainienne de la vague de froid en Russie et des sabotages de gazoducs vers la Géorgie, Chakib Khelil a jugé que “pour le moyen et le long terme, l'impact ne (serait) pas globalement positif pour l'Algérie”. Les pays européens, explique le ministre de l'Energie, vont chercher à diversifier davantage les sources d'approvisionnement et ce, à un double point de vue : une diversification vers d'autres fournisseurs de gaz, mais aussi vers d'autres énergies, nucléaire et du charbon. M. Chakib Khelil a indiqué récemment que l'Europe dépend en matière de gaz de l'Algérie, à hauteur de 25%, et que 90% de notre gaz vont vers l'Union européenne. “Face à cette probable réaction des pays consommateurs, il nous faut nous aussi nous diversifier en exportant plus de gaz vers les Etats-Unis et l'Asie”, souligne M. Chakib Khelil. La stratégie algérienne pour le secteur du gaz est de faire face aux défis qu'impose la libéralisation des marchés européens du gaz qui constituent notre principale fenêtre d'exportation (90%). Les 10% restants sont occupés par les Etats-Unis. D'ici à 2010, M. Khelil a indiqué que l'Algérie est “en très bonne voie pour atteindre une capacité de production de pétrole de 2 Mb/j et des exportations de gaz de 85 milliards de m3/an à l'horizon 2010”. Pour le pétrole, “plusieurs découvertes sont en voie de développement, et il est intéressant de constater que, depuis quelque temps, Sonatrach est responsable de la plus grande partie des découvertes”, a-t-il ajouté. Pour le gaz, il a fait valoir que “In-Amenas va bientôt entrer en production et le projet de Gassi Touil est en cours de développement”. Sur un autre plan le ministre de l'Energie et des Mines a indiqué, dans une interview reprise par l'APS, au mensuel Afrique-Asie que “pour la première fois, un plan pétrochimique cohérent va enfin voir le jour en Algérie”. M. Chakib Khelil parle du lancement “d'une dizaine de projets pétrochimiques bien ficelés”, estimant que “dès cette année, beaucoup de signatures portant sur la construction d'usines de pétrochimie seront réalisées”. Le ministre a cité comme exemple le géant pétrochimique saoudien Sabec qui est, entre autres, “intéressé”. Le ministre de l'Energie et des Mines a indiqué que l'Algérie exportera, en 2015, entre 100 et 115 milliards de m3 de gaz, “soit un tiers de plus qu'aujourd'hui”. M. Khelil, qui a établi un bilan et énoncé les perspectives de l'ensemble de son secteur, a mis en relief l'évolution du secteur électrique, citant la participation de la société étrangère SNC Lavalin à hauteur de 51% dans l'usine de Hadjret-En Nous (1 200 mégawatts), qualifiée de “première en Algérie”. Le ministre de l'Energie a, par ailleurs, rappelé les projets d'exportation d'électricité vers l'Espagne et la Sardaigne et le renforcement de la dorsale est-ouest électrique algérienne pour pouvoir intégrer le système électrique euroméditerranéen et intermaghrébin. Le secteur de l'énergie et des mines a enregistré de bonnes performances en 2005. Le bilan provisoire du secteur, annoncé pour 2005, au Forum d'El Moudjahid fait ressortir que les exportations d'hydrocarbures se sont élevées à 45,6 milliards de dollars, en hausse de 45% par rapport à 2004. Le secteur a investi un montant global de 5 milliards de dollars, dont 1,28 milliard de dollars ont été financés par les partenaires étrangers. Ces investissements ont concerné, notamment l'exploration et le développement des hydrocarbures, des centrales électriques, la réalisation des unités de dessalement d'eau de mer ainsi que le développement de la production de certaines substances minérales. La fiscalité pétrolière a enregistré, pour sa part, une croissance de 53% par rapport à 2004 pour atteindre un montant de 2 267 milliards de dinars, dont 36% provenant des gisements en association entre Sonatrach et ses partenaires étrangers. M. R.