Un plan de développement est soumis à la tutelle pour booster les résultats de cette entreprise. Depuis les cinq dernières années, le rail suit un net déclin par rapport au transport routier. De nos jours, les autorités concernées s'attellent à inverser cette tendance et à reconquérir les parts de marché, estimées à plus de 35%, que le chemin de fer a perdues. Si l'on remonte au début des années 1990, le recul était également important. À cette époque, le train transportait 58 millions de voyageurs. Aujourd'hui, ce chiffre ne dépasse pas les 20 millions. Il est, en outre, transporté à quelque 11,5 millions de tonnes de marchandises à cette période contre 6,8 millions de tonnes à fin 2008. “Nous souffrons d'une sous-activité au chemin de fer. Pour cela, nous devons réhabiliter nos moyens de production, notamment les 200 locomotives qui demeurent dans un état de vétusté avancé puisque datant d'il y a 25 ans, les wagons et les voitures aussi”, constate, M. Mourad Benameur, directeur général du transport ferroviaire. Sur 100 locomotives, 70, relate ce responsable, sont pratiquement à l'arrêt. À ce propos, une quarantaine de voitures sont en cours de restauration et de modernisation dans les ateliers de Sidi Bel-Abbès. Un autre programme de 200 voitures est, en outre, prévu. Les premières voitures réhabilitées seront opérationnelles dès le mois d'avril prochain. Cette réhabilitation qui se fera par contrat de maintenance avec un opérateur étranger, est l'une des mesures prises dans le cadre d'une stratégie de sortie de crise préalablement définie. M. Benameur fait valoir les avantages du transport par train liés à l'économie d'énergie, une pollution minime et une sécurité à bord. “De par ces avantages comparatifs, il n'y a pas de raison pour que nous ne reprenions pas nos parts de marché”, déclare le directeur général. Pour lui, le secteur rencontre de sérieuses contraintes financières pour pouvoir couvrir ses besoins. Il évoque une trésorerie négative marquée par un découvert de plus de 12 milliards de dinars. Les assainissements effectués en 1995 et en 2005, estimés à 36 milliards de dinars et dédiés à l'effacement de la dette et du découvert et à l'investissement, n'ont servi à rien. Car, “tant que nous n'arrivons pas à réaliser un chiffre d'affaires avoisinant les 11 milliards de dinars, puisque nous en sommes à peine à 4 milliards de dinars à cause d'une sous-activité, nous ne pourrons pas espérer sortir la tête de l'eau”, reconnaît Mourad Benameur. Devant une telle situation, un plan de développement a été soumis au ministère des Transports pour validation. Il prévoit un objectif de transporter 85 millions de voyageurs et 13 millions de tonnes de marchandises dans les 5 années à venir. Une enveloppe de 65 milliards de dinars a été, d'après le DG, déjà consommée. Elle a été dépensée pour l'achat des 64 automotrices dans le cadre de l'électrification et de l'exploitation de la banlieue d'Alger et de 17 autorails utilisés pour le transport régional (Alger-Chlef, Oran-Chlef, Oran-Tlemcen, Alger-Béjaïa, Alger-Sétif…). Concernant l'électrification de la banlieue d'Alger dont l'exploitation est prévue pour le mois de janvier, M. Benameur rassure que l'opération est dans le timing initial. Du côté Est, c'est-à-dire Thénia, la marche à blanc, la simulation d'une exploitation sans voyageurs est d'ores et déjà achevée. Ensuite, ça sera au tour du côté Ouest, à El-Affroun de subir des essais à compter du 7 février. Pour la banlieue d'Alger, il est envisagé de réaliser 61 millions de voyageurs au lieu des 14 millions transportés actuellement. Il faut reconnaître que le chemin de fer a été l'un des secteurs les plus ciblés durant la décennie noire avec des pertes qui dépassent les 30 milliards de dinars. Le réseau exploité est évalué à 3 500 kilomètres, composé de 130 tunnels, plusieurs milliers d'ouvrages. Badreddine KHRIS