La décision annoncée hier par les services de la gendarmerie, à savoir la mise en place d'un observatoire de la sécurité routière qui sera directement rattaché au Premier ministère, peut servir de base à une stratégie nationale de lutte contre la délinquance routière. Comment lutter efficacement contre la délinquance routière qui fait chaque année tant de morts et de deuils ? Si l'on joue à comptabiliser les victimes fauchées sur la route durant les dix dernières années seulement, le chiffre donne froid dans le dos. Plus de 40 000 décès et des centaines de milliers de blessés, sans compter les frais de prise en charge aussi bien au niveau des hôpitaux qu'au niveau de la protection sociale pour ceux qui sont handicapés à vie. La réalité est pour ainsi dire terrible, et l'ensemble des mesures décidées jusqu'à présent n'ont pas permis de limiter ou de réduire le taux de mortalité sur nos routes. Il doit bien y avoir une raison ou des raisons à cette situation qui prend l'allure d'une fatalité. La décision annoncée hier par les services de la gendarmerie, à savoir la mise en place d'un observatoire de la sécurité routière qui sera directement rattaché au Premier ministère, peut servir de base à une stratégie nationale de lutte contre la délinquance routière. Mais il s'agira aussi, et surtout, de s'attaquer à l'élément humain, premier responsable des accidents de la circulation. Si le port de la ceinture de sécurité a été pour beaucoup dans la diminution du nombre de victimes en milieu urbain, il n'en reste pas moins que le taux le plus important d'accidents est enregistré en dehors des villes, sur les autoroutes notamment. L'excès de vitesse et le non-respect du code figurent en premier lieu des causes des accidents. Mais il y a lieu de relever que le mauvais état des routes et leur exiguïté par rapport au nombre de véhicules y circulant, ainsi que la généralisation de l'utilisation de la pièce de rechange contrefaite, parce qu'elle coûte moins cher, ont considérablement aggravé la situation. Et les auto-écoles dans tout cela ? Si l'obtention d'un permis de conduire était dans le passé synonyme de véritable parcours du combattant, aujourd'hui, les choses ont changé. Les uns sont désormais obsédés par le gain facile et les autres sont beaucoup plus soucieux d'avoir le précieux document même s'ils n'ont jamais eu un seul cours de code ou de conduite. Les résultats sont malheureusement là. On continuera pendant longtemps encore à compter les morts sur les routes tant que l'on n'aura pas commencé par l'essentiel, à savoir la qualité et la rigueur des enseignements prodigués dans les auto-écoles. S. T.