La décision du souverain alaouite de rompre ses relations diplomatiques avec le Venezuela, en raison de son soutien au Front Polisario, demeure un mystère pour les Marocains, qui ne comprennent pas comment on en est arrivé là, avec Hugo Chavez, le meilleur soutien pour la cause arabe contre Israël. Au moment où la rue arabe voue une sympathie sans limites pour le chef de l'Etat vénézuélien, en raison de son alignement sur les positions palestiniennes, qu'il a traduit par l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël à Caracas, Rabat a pris la décision de rompre ses relations diplomatiques avec ce pays. Le Makhzen a justifier sa décision de fermer son ambassade au Venezuela par " l'hostilité croissante des autorités vénézuéliennes à l'égard de la question de l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc et aux récentes mesures de soutien à la pseudo-RASD, prises par le gouvernement de ce pays ". Ce que la rue marocaine ne comprend pas, c'est l'absence d'explications tangibles pour argumenter cette rupture diplomatique. En effet, l'opinion publique marocaine pense que cette décision est beaucoup plus liée avec la question palestinienne, qu'au conflit du Sahara Occidental. Certains y voient même un soutien à l'Etat hébreu, qui s'est retrouvé isolé sur la scène internationale durant l'offensive militaire qu'il a lancé sur la bande de Gaza, et qui s'était soldée par de véritables bains de sang, coûtant la vie à plus de 1300 Palestiniens, et faisant plus près de 6 000 blessés, dont la moitié sont des femmes et des enfants. Au cours de cette dure épreuve du peuple palestinien, Hugo Chavez, connu pour ses positions anti-américaine et anti-impérialiste, a pris fait et cause pour la question palestinienne. En expulsant avec fracas l'ambassadeur d'Israël, il a gagné l'estime de la rue arabe. Ceci étant, le président vénézuélien est en position de force par rapport à Rabat, car il a refusé de rendre la pareille. En effet, Caracas n'a pas fermé sa représentation diplomatique dans la capitale marocaine et a rejeté l'argumentation du royaume chérifien visant à justifier la fermeture son ambassade. Pour le vice-ministre vénézuélien des affaires étrangères et chargé des affaires africaines, Ronaldo Bolivar : " ce qu'a fait le Maroc constitue un alignement sur Israël et une offense pour le Venezuela, qui a soutenu et participé aux campagnes internationales contre Israël, après les boucheries qu'elle a commis contre les civils palestiniens à Gaza ". La meilleure preuve que la rue marocaine était contre la décision de rompre avec Caracas, est que les manifestants marocains brandissaient de nombreux portraits de Hugo Chavez lors des manifestations de soutien au peuple palestinien, en signe de gratitude envers le dirigeant vénézuélien. D'ailleurs, le fait que Venezuela fasse partie des plus de 70 pays qui reconnaissent la république arabe sahraouie démocratique (RASD), et que Rabat n'a pas rompu avec tous ces pays, ajoute à l'étonnement de l'opinion publique marocaine. Sous couvert de l'anonymat, un diplomate marocain affirmera : " la décision marocaine est une erreur, que ce soit sur le plan de la forme ou du contenu, parce que la fermeture de l'ambassade n'a pas rien apporté aux thèses marocaines, bien au contraire. Il aurait fallu au contraire approfondir le dialogue avec Caracas ". Selon lui le Maroc a perdu l'Amérique Latine depuis l'éclatement du conflit sahraoui, laissant le champ libre au Front Polisario. Une chose est sure, Hugo Chavez empoisonne l'existence de Mohammed VI, dont la diplomatie ne sait plus sur quel pied danser pour imposer ses thèses. Merzak T.