La mort accidentelle de deux élèves, à Annaba, puis à Dergana (Alger) fait rebondir le problème de la violence dans les établissements scolaires. Face à l'ampleur que ce phénomène est en train de prendre, sans qu'une parade efficace ne soit pour le moment trouvée, le ministre de l'Education a annoncé jeudi sur les ondes de la radio la tenue prochaine d'une conférence nationale. Sans donner de précisions sur la date de cette conférence, qui nécessite une grande préparation, le ministre a expliqué qu'elle sera ouverte à des spécialistes issus de divers horizons de façon à pouvoir cerner ce phénomène dont l'école elle-même est victime, comme il le précise. “La violence n'est pas le produit de l'école. À l'école, on éduque, on apprend aux élèves les bons préceptes”, a-t-il dit en expliquant que des mesures ont été prises pour rendre l'école “plus pacifique”. Tout en admettant que le fait est là, Benbouzid convient que l'école est victime de cette violence, parce qu'elle “n'est pas un lieu clos” dans la société. “Cette violence, nous la constatons de plus en plus dans nos établissements : elle est le fait des élèves entre eux, d'enseignants vis-à-vis des élèves, des enseignants entre eux, de l'administration vis-à-vis des élèves”. Pour lui le problème n'est pas une spécificité de l'école algérienne, mais une situation “de plus en plus répandue dans le monde”. Reste que ce phénomène, d'après le ministre, “commence à prendre de l'ampleur chez nous, ces derniers temps”. Raison pour laquelle tant le ministère de l'Education que la société, dans son ensemble, “doivent s'en inquiéter”. Benbouzid estime que cette violence qui se manifeste dans les établissements scolaires, mais aussi dans les stades et dans la rue n'est en fait qu'une réplique de la décennie de violence terroriste vécue par notre pays pendant les années 1990. Le ministre de l'Education pointe aussi d'autres formes de violence dont l'institution scolaire est la proie, telles que le tabagisme, la drogue et même l'alcoolisme. "Si on veut s'attaquer au phénomène de la violence dans le milieu scolaire, il faut le faire, certes, à l'école, mais il faut le faire également à tous les autres niveaux, notamment à la maison.” Quant à la violence, qui est le fait des enseignants à l'égard des élèves, le ministre rappelle que les textes en vigueur l'interdisent formellement ; “les dispositions réglementaires et législatives sont là pour sanctionner tout dépassement : les insultes, les châtiments corporels, les brimades, les humiliations et ces textes peuvent aller jusqu'aux poursuites judiciaires”. Mais, ajoute-t-il, il y a aussi la violence inverse, à savoir celle des élèves contre les enseignants. Combien, en effet, d'enseignants, notamment les femmes sont victimes de la violence de la part des élèves aussi bien dans l'enceinte des établissements qu'à l'extérieur. Certes, on en parle moins. Incontestablement, la tenue de cette conférence nationale constitue une bonne piste de travail pour aboutir au diagnostic du phénomène de la violence qui, tout comme celui des harragas, n'est en définitive qu'une autre manifestation d'une pathologie profonde de la société algérienne. Omar O.