La cote d'alerte est atteinte. Cette situation appelle une politique énergétique plus hardie tendant à réduire la dépendance technologique en équipements, pièce de rechange et services, notamment de maintenance et d'ingénierie à l'égard de l'extérieur. Sonatrach importe en moyenne 3 à 4 milliards de dollars de pièce de rechange par an. C'est du moins ce qu'a révélé, hier, le président du Conseil national consultatif pour la promotion des petites et moyennes entreprises, M. Zaïm Ben Sassi, lors d'un débat autour de la place du secteur privé dans la concrétisation des programmes économiques nationaux. Ce montant aurait pu être “épargné” si les capacités de sous-traitance nationale, à travers le tissu des petites et moyennes entreprises, avaient été développées dans une dynamique d'intégration économique et de substitution aux importations. Des importations qui ont pris ces dernières années l'ascenseur et qui risquent “de rattraper sinon dépasser” les exportations, si le prix du pétrole continue de chuter, avertit Mustapha Mékidèche, expert en stratégie. Entre deux années seulement, nos importations se sont “aggravées” de plus de 14 milliards de dollars en ce sens où, en 2006, la facture était de plus de 21 milliards de dollars pour passer à plus de 39 milliards de dollars pour l'année 2008. M. Mékidèche relève lui aussi l'absence du secteur privé dans le secteur des hydrocarbures, “sauf dans le gardiennage et la restauration”. Les marchés dans les secteurs de l'énergie sont passés selon la procédure d'appel d'offres qui constitue la règle générale ; rares sont les entreprises privées, pour ne pas dire aucune, qui y participent. Du coup, elles se retrouvent exclues de tirer profit des projets qui pèsent parfois des milliards de dollars. Il est vrai que les entreprises nationales capables de proposer leurs services dans ce domaine ne sont pas légion. Mais Sonatrach peut justement aider à l'émergence d'entreprises et de bureaux d'engineering à même, à moyen terme, de suppléer l'offre étrangère. C'est le cas aussi pour les autres grandes entreprises dans les autres secteurs, ainsi que dans les programmes d'infrastructures lancés par le gouvernement qui, malheureusement, profitent beaucoup aux entreprises étrangères en l'absence d'outils de réalisation nationale performants. L'Algérie a “acheté” des autoroutes, du rail, mais la PME/PMI a été complètement ignorée dans la dépense publique. C'est ce qui a poussé, d'ailleurs, le gouvernement a décrété une mesure sur les marchés publics, dont l'objectif est de réduire les importations de biens et services et encourager la production nationale. Le premier ministre, dans une instruction adressée aux walis, souligne que lors des appels d'offres nationaux et internationaux pour acquisition d'équipements de bureau et de fournitures nécessaires au fonctionnement des services administratifs, la préférence doit être accordée à la production nationale dans la limite des 15% prévus par le décret présidentiel portant réglementation des marchés publics. La seconde mesure étend le champ d'application de l'instruction à la réalisation des travaux et à l'acquisition d'équipements. Pour la réalisation des travaux, prestations de services, réalisation d'études et acquisition d'équipements industriels, médicaux et tous autres équipements, hors de ceux destinés au fonctionnement des services administratifs, la priorité sera accordée à la production de biens ou de services d'origine algérienne, et cela dans le respect des critères de qualité au moins égale à celle des offres de biens ou de services des soumissionnaires étrangers ; et de la marge préférentielle d'un taux maximum de 15% accordée au produit (biens et services) d'origine algérienne prévue à l'article 19 du décret présidentiel. L'instruction d'Ouyahia s'applique aux marchés conclus par voie d'appels d'offres nationaux et internationaux et ceux passés conformément aux procédures réglementaires de gré à gré. M. Zaïm Ben Sassi applaudit “fortement” ces mesures, de nature à encourager la sous-traitance en Algérie et la création de petites et moyennes entreprises. Dans ce cadre, d'ailleurs, M. Mékidèche relève que le rythme de création de petites et moyennes entreprises est très faible en Algérie, soulignant la nécessité de s'interroger sur les politiques mises en place. C'est que malgré les surliquidités qui caractérisent la place bancaire, notamment les banques publiques, les PME accèdent difficilement au crédit. Garanties excessives, délais de traitement des dossiers de crédit trop longs, taux d'intérêt trop élevés, autant de griefs que les entreprises nourrissent envers le système bancaire. De leur côté, les banques reprochent aux PME/PMI privées leur caractère familial et leur manque de transparence. Meziane Rabhi