Malgré un taux de croissance remarquable durant les deux années 2007-2008, l'Afrique demeure le continent le plus pauvre de la planète. “La prochaine décennie sera probablement très sombre pour l'Afrique à cause de la tourmente économique en cours et du réchauffement climatique”, a déclaré le Premier ministre éthiopien, dont le pays bénéficie d'une importante aide internationale au développement. Bien avant le début du sommet, le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, avait signalé les nouvelles préoccupations des pays riches, plus préoccupés par le renflouement de leurs banques et institutions financières que par l'aide au développement en direction des pays les plus pauvres de la planète, dont les pays d'Afrique, alors qu'en parallèle, “les pays africains s'apprêtent à subir les conséquences d'une crise dont ils ne sont nullement responsables”, selon le président de la Commission de l'UA, qui s'appellera désormais Autorité africaine, au lieu de Commission africaine. Le chef de l'Etat tanzanien, Jakaya Kikwete, président sortant de l'UA, pense que les pays d'Afrique “passent trop de temps à régler des conflits ou des partages de pouvoir entre politiciens. Il nous faudra redéfinir nos priorités afin de nous occuper de nos économies et nous libérer de la honte d'être le continent le plus pauvre du monde”. Selon les données de la BM, l'Afrique aurait réalisé un taux de croissance de 5,4% en 2008, en baisse de 1,5 point par rapport à 2007, et les analystes de la BM pensent que cette tendance risque de s'aggraver en 2009, comme le prévoit Robert Zoellick, président de la BM, qui affirme que “la crise financière, qui est devenue crise économique, devient maintenant crise de l'emploi et deviendra pour certains, dans les mois à venir, crise humaine”. Les signes avant-coureurs de ce danger menaçant les populations pauvres du monde ont été constatés, toujours selon R. Zoellick, durant l'année 2008 qui a vu le surenchérissement des prix du brut et des denrées alimentaires. Un avant-goût de ce qui attend les plus pauvres des Etats d'Afrique.Quant au président zimbabwéen, R. Mugabe, il accuse l'UE et les USA d'être responsables de la crise économique et sanitaire vécue par le pays. “Nous estimons que ces sanctions illégales, qui ne sont pas seulement injustes et cruelles, mais qu'elles ont aussi contribué à la souffrance et à la division des Zimbabwéens”, a-t-il déclaré devant le 12e sommet de l'UA, à Addis-Abeba. Robert Mugabe accuse les pays pourvoyeurs d'aides financières de punir le Zimbabwe, pour avoir proclamé une réforme agraire, redistribué les terres aux Noirs, après en avoir exproprié les propriétaires blancs. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime à 7 millions le nombre de Zimbabwéens qui auraient besoin d'une aide alimentaire, revoyant à la hausse de 35% une estimation précédente. Le taux d'inflation annuel au Zimbabwe est astronomique. Sans compter que l'épidémie actuelle de choléra, non encore résorbée, a fait à ce jour plus de 3 200 morts, alors que 63 000 personnes en sont atteintes. Les 53 Etats représentés au 12e sommet de l'UA se sont réunis toute la journée du mardi 3 février, durant 5 heures de débats houleux, selon les agences de presse, pour finalement reporter la clôture de leur sommet pour cause de divergences à propos du gouvernement de l'union promis par Mouammar Al-Kadhafi, nouveau président de l'UA. D.a.