La décision prise récemment par le Maroc de renforcer le “mur de la honte” pourrait être interprétée comme un moyen de pression sur le nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, Christopher Ross. C'est ce qu'a laissé entendre l'ambassadeur de la République sahraouie (RASD) à Alger, Brahim Ghali. “Ces derniers temps, le royaume du Maroc fait preuve d'une volonté manifeste d'escalade”, a soutenu le diplomate, mercredi dernier, lors d'une rencontre avec la presse. Selon lui, cette “préoccupation militaire” de Rabat est préoccupante, alors que l'ONU fait montre de “silence malgré tous les appels du Front Polisario”. M. Ghali a en outre indiqué que, comme ses prédécesseurs, Christopher Ross devrait entreprendre sa visite dans la région “avant la présentation du rapport du secrétaire général des Nations unies”. Il a, cependant, déploré l'état de “stagnation” du processus de paix dans l'ancienne colonie espagnole et surtout le gel, depuis mars 2008, des négociations directes entre les deux parties en conflit, à savoir le Polisario et le Maroc. Un constat d'ailleurs relevé par l'Union africaine lors de sa dernière session. Pour l'ambassadeur sahraoui, la responsabilité de l'ONU reste entière ; aussi, se doit-elle de “prendre en compte la volonté du peuple sahraoui, car la solution passe par la création des conditions lui permettant de faire ses propres choix”. “Nous souhaitons que M. Ross, en plus de l'appui ferme de Ban Ki-moon, puisse trouver un appui supplémentaire chez la nouvelle administration Obama”, a-t-il souligné. Il a par ailleurs signalé qu'en dépit de l'étape difficile que les Sahraouis traversent, “ils sont déterminés à poursuivre leur lutte, pour recouvrer leur droit à l'autodétermination et à l'indépendance”. Dans ce cadre, il a rappelé, entre autres, la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental et “le renforcement du dispositif répressif” marocain, lors de la visite de la délégation du Parlement européen, “pour éviter tout contact entre cette dernière et la population sahraouie”. Le diplomate a insisté sur la poursuite de “la résistance sahraouie” contre les violations aux droits humains et le pillage des ressources naturelles d'un “territoire non autonome” à décoloniser ; un pillage qui, d'après lui, permet aux forces d'occupation marocaines “d'encaisser quelque 4 milliards de dollars par an, grâce au phosphate, au poisson et au tourisme”. Plus loin, l'ambassadeur de la RASD a donné un aperçu sur les activités qui seront menées cette année, à l'exemple de l'organisation, du 23 au 25 février 2009, de la 7e édition du marathon et de la tenue d'une conférence universitaire à Tifariti, dans les zones libérées sahraouies qui, du 24 au 26 février prochain, sera consacrée particulièrement à “la reconstruction des territoires libérés”. Une nouvelle campagne internationale sera également lancée, en avril, pour dénoncer “le mur de la honte”. Parmi les autres initiatives, “le dossier économique” se taillera la part du lion et sera suivi par l'observatoire international des ressources naturelles du Sahara occidental. H. Ameyar