La tension entre l'Inde et le Pakistan est montée d'un cran. New Delhi a pour la première fois accusé nommément les services secrets de son voisin d'être derrière les attentats de Bombay. Les organisateurs des attentats de Bombay sont des créations de l'ISI (Inter-services intelligence, les services de renseignement du Pakistan), a encore réaffirmé le vice-ministre des AE de New Delhi lors de son périple en Europe. Depuis ce “11 septembre indien” perpétré en novembre 2008 dans plusieurs sites de Bombay, notamment des hôtels à touristes, les deux puissances nucléaires militaires d'Asie du Sud, qui se sont fait trois fois la guerre en 61 ans, se livrent une incessante joute diplomatique et menacent même de faire éclater un quatrième conflit. En janvier, New Delhi avait transmis à Islamabad et à une quinzaine de chancelleries un dossier de preuves “accablantes” montrant que les attaques de Bombay avaient été “planifiées, préparées et pilotées depuis le Pakistan”, avec “la complicité passive” de hiérarques de ce pays. Le Premier ministre Manmohan Singh avait déjà jugé que des agences officielles de l'Etat pakistanais, c'est-à-dire, sans le désigner explicitement, l'ISI, avaient soutenu ces attentats. New Delhi, Washington et Londres imputent ce carnage (174 tués, dont 9 assaillants) au Lashkar-e-Taïba, un groupe islamiste armé clandestin pakistanais actif au Cachemire. Mais ni les Etats-Unis ni la Grande-Bretagne ne croient à l'implication d'officines de l'Etat pakistanais. Islamabad, qui se dit victime du terrorisme islamiste, a fustigé une campagne mondiale de calomnies conduite par l'Inde à son encontre. Sans préciser pourquoi. Islamabad promet de rendre publique sa propre enquête qui impliquerait le Bangladesh ! Les autorité pakistanaises avaient déjà avancé la piste d'une organisation islamiste clandestine basée au Bangladesh, le Harkat-ul-Jihad-al Islmani (HuJI). Le Bangladesh est un pays musulman enclavé dans le nord-est du sous-continent indien, appelé Pakistan oriental avant son indépendance de 1971. Il est aux prises avec des cellules islamistes armées, dont le HuJI responsable de plusieurs attentats. L'HuJi est aussi montré du doigt pour 12 attaques simultanées en octobre dans l'Etat indien de l'Assam, dans le Nord-Est, à la frontière bangladaise. 80 personnes y ont trouvé la mort. L'Inde ne rejette pas entièrement cette thèse déclarant être effectivement victime d'organisations terroristes transfrontalières mais persiste à accuser le Pakistan d'en être l'épicentre. Depuis deux mois, l'Inde déplore que les Occidentaux n'exercent pas plus de pressions sur le Pakistan, un pays que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ménagent de peur qu'il n'implose. D. B.