Le Pakistan publiera la semaine prochaine les résultats de son enquête sur les attentats de Bombay en Inde, a déclaré hier le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, après que New Delhi eut pour la première fois accusé nommément les services secrets d'Islamabad. “Le rapport d'enquête me sera soumis d'ici à lundi et sera rendu public le jour même ou le lendemain”, a indiqué M. Gilani à des journalistes à Lahore (est du pays). Le secrétaire indien aux Affaires étrangères Shivshankar Menon avait explicitement accusé, mercredi dernier, les services de renseignement pakistanais d'être derrière les attentats perpétrés dans la capitale économique indienne du 26 au 29 novembre 2008 (174 tués, dont neuf assaillants). “Les organisateurs (de ces attaques) sont et demeurent des clients et des créations de l'ISI (Inter-Services Intelligence)”, a-t-il affirmé dans un discours prononcé à Paris et repris vendredi dans la presse indienne. Interrogé, le ministère pakistanais des Affaires étrangères s'est contenté de dire qu'une “déclaration serait faite ultérieurement”. Mais d'après le journal pakistanais Dawn, les enquêteurs à Islamabad ont conclu la responsabilité d'une organisation islamiste clandestine basée au Bangladesh, le Harkat-ul-Jihad-al Islmani (Huji). En janvier dernier, l'Inde avait transmis au Pakistan et à une quinzaine de chancelleries un dossier de preuves “accablantes” montrant que les attaques de Bombay avaient été planifiées, préparées et pilotées depuis le sol pakistanais, avec “probablement” la complicité passive de hiérarques de ce pays. Le Premier ministre Manmohan Singh avait carrément accusé des “agences officielles” de l'Etat pakistanais — c'est-à-dire sans le désigner explicitement, l'ISI — d'avoir apporté un “soutien” aux attentats. New Delhi, Washington et Londres imputent ce carnage au Lashkar-e-Taïba (LET), un groupe islamiste armé clandestin pakistanais actif au Cachemire. Le Pakistan a nié en bloc et a fait arrêter de nombreux membres d'une association caritative proche du LET.