L'insalubrité galopante de la cité des 400-Logements accélère, à vue d'œil, la dégradation du cadre de vie de ses habitants qui ne décolèrent pas contre l'administration locale. Surnommée “Hydra” lors de sa livraison, en 1984, pour la qualité de vie qu'elle offrait à l'époque à ses habitants, tant elle resplendissait par sa propreté, sa coquetterie et le civisme de ses premiers occupants, la cité des 400-Logements, à Sidi Abbaz, tombe en désuète et se meurt à petit feu, dans l'indifférence totale des responsables locaux. Les trottoirs squattés par les tables des innombrables cafés qui ont éclos tels des lichens, et dont les incivils tenanciers sans scrupules obligent les femmes et les enfants à emprunter dangereusement l'asphalte, lui même “colonisé” par une anarchie de stationnement sur les deux côtés du boulevard. Même les ruelles transversales, destinées à l'époque au passage des familles ne désirant pas passer par le boulevard, n'ont pas échappéà la cupidité des hommes. En effet, certains anciens de certaines institutions étatiques, imbus de leur personne et protégés par des puissants n'ont pas résisté à l'envie d'accaparer et complètement obturer une ruelle, la transformant de fait en garage personnel. La cupidité n'ayant pas de limite, et puisque horizontalement, il n'y a plus rien à gratter, grignotons à la verticale, se sont-ils certainement dit, en rognant les propriétés d'autrui, bien de l'Etat, a fortiori. Tout une perspective de cette jadis superbe cité a été défigurée par cette espèce de verrue accrochée sur les flancs de l'habitation étatique, auquel est venue se greffer, tel un gros abcès, une habitation hors normes et hideuse, défiant les lois de la gravitation. “Comment se fait-il qu'un pauvre citoyen qui n'a construit qu'un mur d'enceinte autour de sa propre maison se le fait manu militari démolir alors que d'autres, s'approprient indûment des espaces appartenant à la collectivité sans aucune conséquence ?” nous lance, dépité, un résidant de la première date. “Ce n'est pas normal que ce qui est permis pour quelques-uns ne le soit pas pour d'autres ? Faut-il avoir la bénédiction des puissant dans ce pays, pour entamer quelques travaux, fussent-ils dans le plus grand respect de la réglementation ?” ajoute son voisin. Notre cité a perdu son lustre d'antan lorsque ses premiers occupants ont commencé à partir pour diverses raisons. “Regardez, à même le sol, des tas d'immondices, tous les jours s'accumulent et jonchent le sol au grand bonheur des chats et des chiens errants. À la tombée de la nuit; des meutes de chiens errants envahissent la cité, poussant des aboiements insupporttables, en venant se rassasier. Même les restaurants et les bouchers avoisinants déversant quotidiennement leur pourriture ici. D'ailleurs, voilà devant vous une tête de chameau dépecée”, se désole El-Hadj Ahmed, poursuivant sur le même ton fatigué. “Les agents de l'APC de Bounoura passent tous les jours, sauf le week-end, et nettoient impeccablement les lieux. Le soir même, rebelote, la montagne d'immondices se réapproprie l'endroit, invitant au festin tous les canidés de la région. Beaucoup de citoyens ont failli se faire mordre par des chiens sur le chemin de la mosquée.. L'APC devrait au moins placer suffisamment de bacs à ordures, surtout lors des périodes caniculaires qui caractérisent la région, favorisant une décomposition accélérée des résidus, dégageant de ce fait des odeurs nauséabondes et prévoir des campagne d'abattage des chiens errants, véritable problème de salubrité publique. N'oublions pas le rôle qui doit être dévolu aux citoyens par leur sens du civisme et de l'éducation environnementale, pour assurer un cadre de vie minimal adéquat à nos enfants”, conclut-il. L. KACHEMAD