Une famille victime de la tragédie nationale, composée de la mère âgée de 46 ans et de ses quatre enfants âgés entre 16 et 23 ans, vit depuis 2004 dans un garage de 22 mètres carrés (2,5 m sur 8,75). Sans éclairage et sans aération, la seule pièce où sont entassés les cinq membres de la famille sert de cuisine et de chambre. Les toilettes sont juste derrière le lit, près du réchaud trépied, le linge est étendu à l'intérieur du garage peint à la chaux et qui ne dispose que d'une seule ouverture, à savoir une petite fenêtre de 60 sur 40 cm, ce qui a favorisé l'odeur de moisi qui vous prend à la gorge dès l'ouverture de la porte du garage. Pour se laver la figure, les membres de la famille utilisent une bassine. Des voisins à cette famille qui vit dans des conditions inhumaines nous ont contactés pour alerter les responsables au niveau national. Nous nous sommes alors déplacé pour voir de visu la situation et les conditions de vie des membres de cette famille dont le père, un chauffeur à l'APC de Babor, a été assassiné le 26 avril 1994 après avoir été enlevé par des terroristes du siège de la mairie où il assurait la permanence. L'aînée des enfants de la victime est âgée de 23 ans et souffre de Takayashu, une maladie inflammatoire des vaisseaux atteignant essentiellement les artères de gros calibre (aorte et ses branches et artères pulmonaires). L'incidence de cette pathologie très rare est d'environ 1 à 2 cas par million d'habitants et par an. Selon des médecins que nous avons interrogés, les causes de cette maladie ne sont pas élucidées cependant, une coexistence d'une tuberculose due aux conditions de vie et à l'humidité à l'intérieur du garage où elle vit depuis presque neuf ans font penser à une origine infectieuse qui aurait déclenché une réaction défensive anormale de la part de l'organisme et comme un malheur ne vient jamais seul, la jeune fille a dû quitter l'institut de formation (INSFP) de la cité des 500-Logements où elle suivait une formation d'archiviste documentaliste à cause des absences répétées dues à ses hospitalisations depuis plus de deux ans au niveau du CHU Saâdna-Abdenour de Sétif et Aïn Naâdja à Alger. En effet après avoir terminé la période de théorie et au moment où elle suivait son stage pratique, elle est tombée malade. Selon elle, l'institut ne lui permettra pas de terminer son cycle de formation. Ne se décourageant pas, celle-ci nous a affirmé qu'une fois guérie, elle va s'inscrire à nouveau pour suivre une formation dans la même spécialité. Par ailleurs son frère, tombé dans un comma après avoir été électrocuté est chômeur. Le fort taux d'humidité était derrière cette électrocution qui aurait pu lui coûter la vie. L'avant-dernier des quatre enfants de la victime du terrorisme a quant à lui quitté l'école pour travailler et aider sa mère. Le benjamin, âgé de 15 ans, scolarisé en 3e année moyenne, souffre d'un début d'asthme. Faouzi Senoussaoui