À travers cet énième mouvement de protestation, les enseignants affiliés au CLA entendent dénoncer le statut particulier de l'éducation et demandent à être associés dans les discussions pour le régime indemnitaire. L'appel du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) pour une grève de deux jours, les 8 et 9 février, a été moyennement suivi, hier, dans les lycées de la capitale. Lors d'une tournée effectuée dans les lycées d'Alger, Aroudj et Kheireddine-Barberousse (ex-De-Lacroix), Pasteur, Emir-Abdelkader et Zineb-Omou-Massakine, un suivi mitigé a été constaté. Selon Idir Achour, membre du CLA, que nous avons contacté hier par téléphone, le mouvement de protestation était largement suivi. “Pour le premier jour de débrayage, nous pouvons dire que c'est une vraie réussite”, a-t-il déclaré. Notre interlocuteur ajoute que le CLA réitère ses revendications, à savoir l'augmentation des salaires par la revalorisation du point indiciaire à 165 dinars, la promulgation immédiate d'un régime indemnitaire conséquent, la révision du nouveau statut particulier pour répondre aux aspirations des enseignants, une retraite après 25 ans de service et le recouvrement du pouvoir pédagogique. “L'actuelle grille tire vers le bas les bas salaires et vers le haut les plus hauts salaires. Le pouvoir d'achat des fonctionnaires a subi une baisse vertigineuse, et pour ce qui est du régime indemnitaire, sous prétexte de la non-finalisation des 45 statuts particuliers des secteurs relevant de la Fonction publique, il ne fait qu'accentuer une situation qui est déjà précaire que vivent les enseignants et travailleurs de l'éducation”, a précisé M. Achour. Il poursuit sa critique en disant que “le nouveau statut tant attendu n'a fait que décevoir les enseignants et travailleurs de l'éducation”. “Ce statut consacre, selon lui, la dépermanisation notamment par les modalités de recrutement et de titularisation, mais aussi en créant deux grades uniquement au lieu de prévoir une promulgation horizontale systématique”. M. Achour a aussi noté que “ce statut est en nette régression par rapport à celui de 1990 (qui prévoyait plusieurs grades notamment celui d'enseignant chercheur, enseignant formateur…) et entretient le flou sur le régime disciplinaire”. Pour revenir à la grève, notre interlocuteur estime qu'une dizaine de wilayas à répondu favorablement a l'appel du CLA. “Au total, nous avons compté une dizaine de wilayas qui ont fait grève, parmi elles Alger, où plus de 40 lycées ont observé une grève ; pour ce qui est de Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Blida, Constantine, Bordj Bou-Arréridj, Bouira et Oran, on n'a pas encore de statistiques”, a-t-il indiqué. Par ailleurs, M. Achour a ajouté que le corps professoral est déterminé à faire valoir ses droits et qu'il est convaincu que “seule la lutte peut leur rendre leurs droits”. Enfin, il expliquera qu'une rencontre avec les autres syndicats aura lieu prochainement pour préparer un mouvement de protestation plus grand. Du côté du ministère de l'Education, c'est le silence. En effet, le chargé de la communication, contacté par Liberté, s'est refusé à tout commentaire. DJAZIA SAFTA