La sénatrice française et présidente du groupe d'information international France-Territoires palestiniens, Monique Cerisier Benguiga, vient de publier un rapport de mission dans lequel elle accable Israël l'accusant de “se placer au dessus du droit international”. La sénatrice a séjourné dans plusieurs pays du Moyen-Orient, durant la période allant du 18 au 31 janvier dernier en compagnie du sénateur Jean François-Poncet, ancien ministre et vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces. Les deux élus ont visité notamment à Gaza, où ils se sont rendu compte de l'ampleur des dégâts et de l'horreur de l'agression israélienne. “Pour décrire ce que nous avons vu à Gaza les mots manquent”, écrit la sénatrice, dans son rapport, mis en ligne sur le site de l'association France-Palestine solidarité, basée à Paris. Décrivant le déroulement de l'agression, l'auteur du rapport précise que celle-ci s'est déroulée en deux phases : “Un bombardement aérien massif et ciblé, visant entre autres, l'école américaine, l'hôpital du Croissant-Rouge palestinien qui travaille en liaison avec la Croix-Rouge internationale, le dépôt de l'UNWRA qui contenait des vivres et des médicaments pour 7 millions d'euros, les zones industrielles, 324 usines rasées, et des mosquées.” “Dans une seconde phase, les chars israéliens se sont positionnés en lisière de la ville et ont tiré des obus dans les immeubles où l'armée estimait que les combattants du Hamas se cachaient. Puis ils sont entrés en passant par les vergers, ont détruit des serres, des oliveraies. Certains quartiers ont été rasés, d'abord par les bombes, ensuite par les chars, et enfin les bulldozers les ont recouverts de terre. Nous avons vu ces terrains vagues”, souligne-t-elle. “Les médecins de l'hôpital du Croissant-Rouge nous ont dit qu'une centaine de civils de la même famille ont été rassemblés dans une maison qui a ensuite subi des tirs d'artillerie. Cela est confirmé par l'OCHA (bureau de coordination de l'ONU pour les affaires humanitaires en Palestine). Les forces Israéliennes ont empêché les secours de l'hôpital du Croissant Rouge d'accéder à cette maison en tirant sur les ambulances. Plusieurs jours après, quand enfin les secours ont pu y accéder, des enfants, des adultes gravement blessés, déshydratés et affamés ont été sortis des décombres”, écrit-elle. Monique Cerisier Benguiga rapporte que l'agression israélienne a fait “1 300 morts du côté palestinien, dont près de la moitié de femmes et d'enfants, beaucoup de vieillards également ont été tués. De nombreux morts sont ensevelis sous les décombres comme en témoigne l'odeur de cadavres en décomposition, près de certaines ruines”. Pour elle, “le choix de nombreuses cibles de bombardement et de tirs d'artillerie constitue des messages politiques clairs”. “La destruction de toute l'infrastructure économique et sociale promet une misère aggravée aux Gazaouis. L'attaque contre l'hôpital du Croissant-Rouge, plus violent que sur les autres établissements de soins, est interprété par les médecins comme l'annonce d'une insécurité en tous lieux, y compris pour les malades et les soignants. La destruction des installations de l'UNWRA, de ses écoles et de l'école américaine privée est un signal clair à la communauté internationale : sa présence et son action sont indésirables à Gaza”, a-t-elle ajouté, estimant que par ces crimes “Israël veut clairement se situer, comme les Etats-Unis, au-dessus du droit international”. Evoquant le rôle que doit jouer la communauté internationale, la sénatrice a constaté “la rapidité avec laquelle l'administration Obama a dépêché un envoyé, le sénateur George J. Mitchell, ce qui contraste avec la passivité de son prédécesseur au début de son mandat”. “Les Etats-Unis peuvent faire pression sur l'Etat d'Israël. Il leur suffit, par exemple, d'interrompre les livraisons quotidiennes de pièces détachées pour l'aviation israélienne, comme le fit jadis Henry Kissinger”, a-t-elle ajouté. Monique Cerisier Benguiga a jugé nécessaire de “pousser l'Europe à intervenir” car, écrit-elle, “les responsables militaires israéliens qui ont conçu cette agression et les responsables politiques qui l'ont autorisée ont fait fi du droit de guerre. Ils ont infligé une punition collective, que le droit pénal européen condamne car, contraire aux lois de la guerre. R. I. /AGENCES