Le président de la commission judiciaire du Sénat américain Patrick Leahy s'est prononcé lundi pour une “commission vérité” sur le modèle de l'Afrique du Sud de l'après-apartheid, afin d'enquêter sur les abus présumés sous l'administration du président George W. Bush. Le sénateur démocrate a indiqué qu'une telle commission pourrait notamment examiner la question des techniques d'interrogatoires apparentées à de la torture, ainsi que celle des écoutes téléphoniques extrajudiciaires. “Je fais cela non pas pour humilier les gens mais pour faire sortir la vérité de façon à ce que nous ne fassions pas d'autres erreurs”, a-t-il dit en comparant son projet à la “Commission vérité et réconciliation” mise en place en Afrique du Sud après l'apartheid. Leahy, qui a dévoilé sa proposition au cours d'un discours à l'Université de Georgetown à Washington, a dit que son idée était de faire une proposition à mi-chemin entre ceux qui veulent des procès pour les responsables de l'administration Bush et ceux qui veulent passer l'éponge. “L'une des façons d'atteindre ce but serait un processus de réconciliation et de vérité”, a-t-il dit. “Les gens seraient invités à se présenter et partager leurs expériences et leurs connaissances, non pas pour instruire des procès, mais pour rassembler des faits”, a indiqué M. Leahy. “Plutôt qu'une vengeance, nous avons besoin d'une vision impartiale de ce qui s'est passé. Parfois, la meilleure façon de progresser est d'aller vers la vérité, découvrir ce qui s'est passé pour que cela n'arrive plus”, a-t-il dit. Réagissant à cette demande d'instituer une “commission vérité” destinée à enquêter sur les abus présumés sous l'administration du président George W. Bush, le président américain Barack Obama a accueilli tièdement lundi. Obama a déclaré lors de sa première conférence de presse de président, qu'il n'avait pas vu la proposition formulée lundi par le sénateur Patrick Leahy, de mettre en place une telle commission sur le modèle de l'Afrique du Sud de l'après-apartheid. “Mon orientation générale est de dire : (...) Tournons la page”, a-t-il affirmé. “Mais je pense aussi que personne n'est au-dessus des lois”, a ajouté Obama en se prononçant pour des poursuites judiciaires en cas de méfaits avérés. R. I./Agences