Alors que le ministère de l'Intérieur ne cesse de parler de renforcement des communes par des compétences, notamment des architectes et des ingénieurs, la réalité sur le terrain est tout autre. En effet, de nombreuses communes sont dépourvues d'architectes, d'ingénieurs et même de techniciens de santé, alors que ces postes sont prévus. Certains architectes sont utilisés comme secrétaire généraux de commune ou affectés dans d'autres missions administratives, comme c'est le cas de la commune de Kharrouba qui dispose pourtant de quatre administrateurs susceptibles d'occuper le poste de secrétaire général de commune. Par ailleurs, le P/APC de cette commune s'est étonné du nombre de cadres qui lui est affecté officiellement sur papier, ce qui ne correspond nullement à la réalité, clame-t-il. Mais ce cas n'est pas isolé, d'autres communes vivent la même situation. Autre anomalie soulevée, le nombre d'architectes et d'ingénieur exerçant au niveau de la direction de l'administration locale (DAL) est supérieure à celui relevé au niveau des communes. Ainsi on dénombre plus de 16 ingénieurs, sur les 30 qui exercent au niveau de toute la wilaya, affectés aux services de la DAL. Leur mission principale est le suivi du fameux projet 100 locaux commerciaux par commune, qualifiés déjà de véritable fiasco. Pendant ce temps, certaines communes, les premières concernées par ces projets, se débattent dans des problèmes de suivi de ses projets d'utilité publique par manque de cadres précisément. Par ailleurs, certaines APC ne possèdent même pas de bureau d'hygiène, voire même pas de technicien de santé, alors que d'autres disposent, certes, de bureau d'hygiène mais sont privés de moyens, affirme le secrétaire général de la wilaya de Boumerdès. Et quand ces cadres existent, ils sont isolés, ignorés, dépourvus de moyens et livrés à eux-mêmes. Conséquences : des projets non démarrés, des travaux mal finis, des nombreuses constructions illicites, des décharges en plein centre-ville, un manque d'hygiène, des quartiers sales, des risques, des problèmes de maladies transmissibles, etc.C'est, en effet, le triste constat relevé par ces techniciens qui ont saisi l'occasion d'un récent regroupement, présidé par le wali de Boumerdès, pour exprimer leur ras-le-bol. Certains ont refusé de porter le chapeau après l'échec de l'opération des 100 locaux commerciaux par commune. “Nous étions contre l'architecture standard et saugrenue qui a été appliquée au programme des 100 locaux commerciaux mais personne n'a voulu nous entendre et maintenant, on veut nous porter le chapeau”, affirme une architecte. Sa collègue de Baghlia a versé dans le même sens en certifiant que les architectes affectés aux communes ne sont même pas associés aux études des POS. D'autres ont évoqué de pressions exercées par certains présidents d'APC qui imposent leurs points de vue sur des problèmes qui relèvent des compétences des ingénieurs et techniciens alors que d'autres ont parlé du peu de moyens mis à leur disposition pour accomplir convenablement leurs missions. Mais cette réunion a eu au moins le mérite de lever le voile sur une situation restée longtemps un sujet tabou. M. T.