Le continent africain, qui faisait l'objet durant les cinquante dernières années d'une concurrence entre les Américains et les Russes pour profiter au maximum de ses richesses, est sur le point de tomber sous le charme des Chinois, qui s'y implantent progressivement à travers une politique d'aide beaucoup plus concrète. Dès sa première étape dans la capitale malienne jeudi, le chef de l'Etat chinois, Hu Jintao, a affiché les intentions de Pékin en annonçant que son pays allait augmenter ses investissements sur le continent. Bénéficiant d'un accueil populaire chaleureux à Bamako, le président chinois a affirmé que malgré la crise économique mondiale, “la Chine maintiendra la densité de ses échanges avec le Mali, le continent africain”. Sans avancer de chiffres précis, il a déclaré : “Nous allons augmenter nos investissements sur le continent.” Pour être plus attractif, il soulignera que Pékin envisage aussi “d'alléger la dette de l'Afrique contractée vis-à-vis de la Chine”. Il faut dire que le Mali intéresse énormément la Chine, avec lequel elle entretient de très bonnes relations depuis son indépendance. D'ailleurs, tous les chefs d'Etat maliens ont fait au moins une fois le voyage à Pékin, et Bamako est un fidèle allié de Pékin. Bien que pauvre et enclavé, le Mali recèle beaucoup de ressources. Ainsi, il est le troisième producteur d'or africain, derrière l'Afrique du Sud et le Ghana, et un des principaux exportateurs africains de coton. En outre, des réserves en uranium ont en outre récemment été découvertes dans le nord. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu ces dernières années un “accroissement rapide” selon le site internet de la présidence malienne. Ils sont constitués aux trois quarts par des exportations de la Chine vers le Mali, tels les produits électromécaniques, thé vert, textiles, etc. De son côté, Pékin importe essentiellement du coton malien. Pékin, semble adopter une politique africaine, qui porte ses fruits, comme l'a affirmé le président malien : “La Chine a pris des engagements lors du dernier sommet Chine-Afrique en novembre 2006 : je constate, et je suis frappé par le fait que la Chine a respecté tous les engagementS pris.” Contrairement à Washington et Moscou, dont l'aide à l'Afrique demeure en deçà des espoirs, Pékin semble savoir comment s'y prendre, en respectant notamment ses engagements. Cela lui permettra certainement de damer le pion aux Russes et aux Américains sur ce continent de plus en plus courtisé pour les richesses de son sous-sol, encore largement inexploitées. Pour rappel, la Chine avait annoncé en 2006 son intention de doubler son aide à l'Afrique en trois ans, sans préciser les montants en jeu. Le 6 février dernier, le ministre chinois adjoint des Affaires étrangères Zhai Jun avait déclaré : “Je suis sûr que nous atteindrons ce but à la fin de l'année.” Après le Mali, le président chinois poursuivra sa tournée africaine en se rendant au Sénégal, en Tanzanie et en île Maurice. C'est dire que Pékin compte bien aller jusqu'au bout de ses intentions en Afrique, à savoir en devenir le premier partenaire sur tous les plans. Merzak T.