Ambitionnant depuis le Sommet des non-alignés de Bandoeng de concurrencer les présences américaine et russe en Afrique, la Chine a mis en œuvre une politique africaine qui lui permet aujourd'hui d'avoir des relations privilégiées avec le continent. L'arrivée en masse des dirigeants africains dans la capitale chinoise illustre la qualité des liens noués par Pékin avec ses partenaires. En effet, ils sont quarante-et-un présidents ou chefs de gouvernement, auxquels s'ajoutent sept autres responsables de rang inférieur, du continent noir à avoir répondu présents à l'invitation. Côté chinois, le président Hu Jintao et ses quatre plus hauts collaborateurs ont pris le temps qu'il fallait, jeudi et vendredi, pour recevoir individuellement leurs hôtes, notamment les chefs d'Etat et de gouvernement, avant le début des travaux du sommet, pour montrer la considération qu'ils leur vouent. Pékin a convié quarante-huit des cinquante-trois pays africains à prendre part à ce rendez-vous crucial pour l'avenir des relations bilatérales. L'absence des cinq autres Etats s'explique par le fait qu'ils entretiennent des rapports avec Taiwan, que la Chine considère comme une province rebelle. C'est dire l'importance qu'accordent les deux parties aux rapports qui les lient. Il faut dire que la Chine n'a pas lésiné sur les moyens pour convaincre ses interlocuteurs. Ainsi, le gouvernement chinois affirme avoir exempté de droits de douanes les exportations de matières premières de 28 pays africains et avoir annulé ces dernières années la dette de 31 pays du continent. Le montant de la dette que la Chine a annulé au profit de 31 pays pauvres très lourdement endettés et des pays les moins développés en Afrique, est de 38 milliards de dollars, sans oublier l'allégement de la dette, l'exonération de taxes et la formation du personnel pour promouvoir la coopération entre la Chine et l'Afrique. Ce sommet, qui se teint sous le thème de “Amitié, paix, coopération et développement”, permettra aux dirigeants chinois et africains de passer en revue les 50 ans de la coopération sino-africaine et de dresser le bilan des acquis de ce forum créé en 2000. La Chine affirme le vouloir comme un mécanisme pour “une négociation équitable, une plus grande compréhension, un plus grand consensus, du renforcement de l'amitié et de la promotion de la coopération”. Durant ce demi-siècle, Pékin a prôné une politique basée sur le respect mutuel. “Notre principe dans nos relations avec les autres pays est de ne jamais chercher à imposer notre système social, notre mode de développement, nos valeurs ni notre idéologie”, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Jianchao, lors d'un point de presse pour justifier la bonne qualité des relations avec les pays africains. Les analystes s'attendent à cette occasion à d'importantes propositions et initiatives chinoises visant à renforcer les relations sino-africaines, et proposeront des mesures concrètes pour aider les pays africains à accélérer leur développement en vue de la mise en œuvre des cinq mesures qu'elle ont annoncées pour aider les pays en développement. Les réserves pétrolières du continent constituent un sérieux motif pour justifier la politique de Pékin en direction de l'Afrique, quand on connaît ses besoins dans ce domaine. La Chine est le second consommateur mondial en la matière après les Etats-Unis. K. ABDELKAMEL