“On doit savoir comment l'argent a été dépensé au moins depuis janvier 2008 jusqu'à janvier 2009”, a affirmé hier Me Chaoui, tout en ajoutant que “le bâtonnier parle de 7 milliards de centimes, alors on veut tout savoir sur les dépenses. Aussi, nous allons demander que le compte du bâtonnat soit géré par un séquestre. Il faut qu'aucun centime ne soit utilisé lors de la campagne électorale”. Des déclarations faites lors de la conférence de presse organisée par l'opposition au bâtonnier d'Alger. Survenue le lendemain de la “disponibilité” de l'arrêt du Conseil d'Etat confirmant l'annulation des élections du Conseil de l'ordre de février 2008, cette rencontre a été surtout caractérisée par le ton vif des avocats, parmi lesquels il y avait les huit qui avaient déposé le recours. Me Chaoui, tout en se félicitant de la décision du Conseil d'Etat, a commencé par détailler les points sur lesquels a été décidée la non-validité des élections. Il s'est longuement attardé sur le tableau des avocats (liste des votants lors des scrutins) qui est devenu le principal point de discorde entre les deux parties. Me Chaoui a ainsi soulevé un nouvelle donne : “Alors que le Conseil d'Etat a bien établi que le tableau n'était pas conforme, voilà que ce matin même on l'affiche. Il y est noté qu'il a été établi le 13 janvier dernier, soit le jour même où le Conseil d'Etat a décidé de l'annulation des élections.” Le sujet du prochain scrutin, qui devra élire un nouveau conseil, a été évidemment abordé, mais la démarche choisie par l'opposition semble différente de celle de Me Sellini. Si ce dernier insiste sur l'urgence d'organiser de nouvelles élections, de son côté, Me Chaoui a souligné que le plus important est “ailleurs”. “On est prêt à renvoyer ces élections d'une année s'il le faut. Notre priorité est avant tout de discuter de la loi des avocats”, a-t-il attesté, toutefois il a insisté sur les modalités d'organisation : “On demande avant tout qu'elles (NDLR : les élections du Conseil de l'ordre d'Alger) se déroulent dans la transparence et la légalité. Le tableau des avocats doit aussi être réactualisé et ce n'est pas le conseil sortant qui doit les organiser. Il n'en a aucun droit, surtout que le Conseil d'Etat est venu décrédibiliser le bâtonnier.” À propos du projet de loi portant profession d'avocat, le débat reste d'une légèreté indigne des robes noires. L'assemblée générale du bâtonnat d'Alger du 14 janvier dernier a été une occasion pour mettre sur le tapis le sujet, mais au final, il n'y eut que des déclarations stériles sans aucune consistance. Au Pakistan, les avocats ont évincé le président Pervez Musharraf, en Egypte, ils sont considérés comme une véritable force sur l'échiquier national et, chez nous, ils n'arrivent même pas à déterminer qui est avocat et qui ne l'est pas. À quand un sursaut ? Salim Koudil