Jeune auteure d'origine algérienne, née à Charenton-le-Pont, dans le Val-de-Marne, elle occupe, depuis trois ans, le poste de cadre à la Direction de l'éducation à la mairie de Montpellier, où elle réside. Elle co-anime aussi sur les ondes de radio FM Plus l'émission “Awal” (parole) de l'association Identité et Partage. Invitée au Maghreb des livres de Paris, les 7 et 8 février 2009, pour signer ses deux ouvrages, Ninisse la petite berbère et Ninisse la petite berbère au cœur de l'Atlas, deux contes pour enfants, écrits dans la bonne humeur, vacillant entre la réalité et l'imaginaire, entre les deux rives de la Méditerranée. Une autre manière de concilier les cultures et les faire épanouir. Liberté : Pourquoi l'écriture ? Fatima Kerrouche : C'est venu comme ça, spontanément et sans calcul. J'ai d'abord aimé lire dès mon plus jeune âge. Ensuite, j'ai tenu un journal intime dans lequel je notais tout. Puis, l'idée m'est venue de faire un livre, puis un autre... Ecrire me procure un immense sentiment de liberté et un désir fou de danser. Qui est Ninisse ? C'est tout simplement le diminutif de Anissa, ma nièce. Elle m'a inspirée, et c'est venu tout seul. Ça a été peut-être aussi, quelque part, influencé par Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, ce classique qui ne vieillira jamais. C'est donc l'histoire ou plutôt les histoires – puisqu'il s'agira d'une collection –, d'une petite fille algérienne, issue de deux cultures différentes, mais complémentaires. Une fille espiègle et malicieuse qu'on suivra à travers des périples qui nous conduiront vers différentes régions du Maghreb. C'est une petite fille qui représente tous les enfants du monde, sans exception de race ou de couleur. C'est ma façon à moi de faire connaître notre identité berbère, à travers un plaisir et une passion, la littérature. Pourquoi la forme d'écriture jeunesse ? C'est vrai que mes écrits sont destinés aux jeunes lecteurs, mais les adultes aussi sont interpellés. Je pense que le message passe mieux ainsi. J'ai voulu montrer ainsi que notre culture n'était pas que terne et morose comme on aimerait le faire entendre parfois. Mes histoires se veulent un conte moderne, qui mêle l'ordinaire, l'imaginaire et le féerique, agrémentés parfois de légendes populaires. Je veux tout simplement dire, à travers mon écriture, que nous sommes, nous les Algériens de France ou d'ailleurs, un peuple joyeux, festif et gourmand de vie et de vitalité. Je veux nous sortir des clichés dans lesquels on nous a toujours enfermés, les clichés de la “victimisation”. Allez-vous souvent en Algérie ? Oui, j'y vais chaque année pour les vacances. En fait, c'est en Kabylie que je me ressource, et Ninisse aussi. C'est là-bas qu'on retrouve les couleurs et les odeurs de chez nous, de l'Algérie. J'ai aussi participé au Salon international du livre d'Alger de 2008 et ce fut une très agréable expérience que je renouvellerai volontiers. Je compte y aller ces jours-ci avec l'association Identité et Partage. Nous avons une mission à accomplir là-bas... Pourrait-on en savoir plus ? En fait, il s'agit d'une démarche qui entre dans le cadre des nombreuses actions de partenariat interassociatif, initiées par Identité et Partage, à but culturel et éducatif. Nous avons collecté près de 7 000 ouvrages qui iront à la bibliothèque de la maison de jeunes du village d'El-Flaye, à côté de Sidi-Aïch. En fait, nous sommes conscients, grâce à de nombreuses expériences vécues, de l'importance et du rôle joués par les bibliothèques dans de nombreux taux de réussite scolaire ou autres. Nous avons donc pensé à mettre en pratique cette expérience aussi à El-Flaye en envoyant en plus des livres, un professeur de français et des formateurs en bibliothéconomie, et en mettant en place, avec des amis qui se trouvent là-bas, un programme riche et des activités culturelles et éducatives qui s'étaleront du 20 au 24 février. Ce sera une véritable fête, un beau voyage culturel où se mêleront poésie, littérature, conte, couleurs et bonne humeur. Un mot pour finir ? Un souhait ? J'espère que notre démarche pour l'envoi des ouvrages ne rencontrera pas d'embûches administratives qui la retarderaient. Je souhaite trouver un éditeur en Algérie pour publier mes contes en français et les traduire en arabe et en tamazight et, pourquoi pas, les faire lire dans les écoles... S. B.