Capitale des Zibans, pays de la datte, Biskra, malgré son climat semi-aride, a évolué de la culture du palmier dattier à la diversification de son agriculture. Et c'est sous le signe de l'agriculture qu'on peut placer la visite d'aujourd'hui du président Bouteflika dans cette wilaya. C'est sur ce secteur placé parmi les priorités qu'est attendu le Président pour apporter des réponses, des solutions aux préoccupations des paysans. Préoccupations qui se renouvellent comme un rituel malgré l'intérêt qui lui est accordé à chaque programme. Les fellahs posent encore le problème des contraintes liées aux crédits, aux moyens matériels et au statut de la terre qu'ils exploitent. Dépendant essentiellement de la pluviométrie, l'agriculture a connu un premier bond quantitatif avant de retomber rapidement dans les insuffisances. Même les PNDA et PNDRA qui ont absorbé des sommes colossales n'ont pas réussi à ramener à un seuil acceptable la dépendance alimentaire. Pire, la facture des importations alimentaires a connu une courbe ascendante qui ne l'a pas infléchie. Etant donné que le rêve de l'autosuffisance alimentaire tarde à se concrétiser, il a été décidé d'opter pour une autre politique qui sera inaugurée aujourd'hui avec la première conférence nationale sur le renouveau de l'agriculture et le développement rural. Cette rencontre historique — elle est la première du genre depuis l'Indépendance — regroupera 5 000 personnes représentant tous les acteurs et intervenants du secteur ; les agriculteurs, des industriels, des bailleurs de fonds et des responsables politiques. Pour certains, cette démarche s'inscrit dans la suite du processus de relance de l'agriculture, le PNDA, pour d'autres, il s'agit d'une nouvelle vision élaborée suite au constat d'échec de la première. Celle-ci prendra en charge tous les aspects liés à la véritable relance du secteur de l'agriculture. Il s'agira également lors de cette visite d'un autre thème lié au temps : les changements climatiques. Un autre défi des responsables du pays, d'autant plus que l'Algérie est directement concernée par le phénomène étant un territoire au climat aride et semi-aride. Si Biskra a réussi le pari d'évoluer de la Deglet Enour vers les autres fruits et l'oléiculture, les agriculteurs qui écouteront le discours du Président, qui, par ailleurs, lui ont apporté leur caution pour sa réélection, sont porteurs d'un message, d'un appel pour qu'il vienne au secours de “ce malade chronique” qu'est l'agriculture qui évolue en dents de scie. Des fluctuations soumises aux aléas de la pluviométrie et de démarches incohérentes. Se sont ajoutés à cet état les récents scandales liés à la gestion du PNDA. Qu'est devenue l'ambition de faire de l'agriculture l'avenir de l'Algérie ? Un slogan qui n'a pas résisté aux effets de la mauvaise gestion et du statu quo entretenu sur les sempiternelles doléances des agriculteurs. Le secteur est devenu une équation à plusieurs inconnues, sans statut fixe et pataugeant dans les mêmes problèmes. Le statut de la terre, de l'agriculteur, la commercialisation, les subventions, le matériel... autant de problématiques récurrentes régulièrement soulevées par les concernés à la base. Et Biskra ne fait pas exception à ce sujet, même si elle affiche des chiffres positifs. Autant de questions que prendra certainement en compte cette première conférence nationale sur le renouveau agricole. Et Biskra a mis les couleurs qui vont avec la circonstance, avec des banderoles, des drapeaux et des portraits géants du Président. D. B.