La compétition électorale bat son plein, dans un décor empreint de promesses, pour les uns, et de menaces pour les autres, dans le cas où il y aurait fraude. Les six candidats en lice sont entrés de plein ped dans la course à El Mouradia en organisant des meetings dans différentes régions du pays. Si certains observateurs de la scène politique algérienne affirment que la course à la présidentielle se limitera aux seuls candidats Benflis et Bouteflika, les autres prétendants ne s'avouent pas vaincus et espèrent déjouer les pronostics et ainsi jouer les trouble fêtes. Au quatrième jour de ladite campagne, tous les candidats ont fait étalage de leur don de tribuns et usent de leur force de persuasion pour amener les citoyens à épouser leur programme électoral. Cependant, il faut avouer que Benflis et Bouteflika émergent du lot et possèdent plusieurs longueurs d'avance sur les autres concurrents. Ce qu'il faut retenir, en revanche, c'est cette tendance des candidats, nonobstant Bouteflika, à mettre en garde contre toute tentative de fraude pouvant entraîner le pays dans des lendemains incertains. Benflis en est la tête de file en tirant à boulets rouges sur le président-candidat et en promettant d'occuper la rue au cas où il y aurait fraude. Saïd Sadi et Abdallah Djaballah, dans le même ordre d'idées, lui emboîtent le pas et menacent d'investir la rue, si le recours à la fraude venait à se confirmer le 8 avril prochain. Louisa Hanoune et Ali Fawzi Rebaïne incitent, de leur côté, les citoyens à faire bloc contre la fraude électorale. Ces candidats redoutent la partialité de l'administration et un scénario semblable à celui de 1999, lorsque tous les candidats se sont retirés de l'élection présidentielle, laissant Bouteflika seul en lice. Ce n'est pas le cas aujourd'hui dans la mesure où les candidats sont décidés à aller au terme de ces élections, surtout que l'institution militaire a, à maintes reprises, souligné sa neutralité. Moussa Touati, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel, met en garde, lui aussi, contre la falsification du scrutin. De son côté, le candidat-président, accable dans tous ses discours, les journalistes algériens coupables, selon lui, de tous les maux de ce pays. Il est à rappeler que, depuis 1999, les rapports entre Bouteflika et la presse ont toujours été tendus. Par ailleurs, il insistera dans ses interventions sur les bienfaits de la concorde nationale et sur le renflouement des caisses de l'Etat algérien. En somme, Bouteflika dresse un satisfecit de son quinquennat. Force est de constater, en revanche, que sur le terrain, les candidats ne proposent pas d'alternatives concrètes aux problèmes des citoyens, se contentant d'étaler les grandes lignes de leurs programmes respectifs, laissant ainsi les citoyens sur leur faim. Chômage, crise de logement, éducation et santé représentent le leitmotiv de ces candidats qui en font leur cheval de bataille. Durant ces quelques jours de campagne, le soutien apporté à plusieurs personnalités politiques et associations à la candidature de Benflis, donne encore du piment à cette élection dont la campagne a démarré en trombe laissant planer l'incertitude sur le nom du futur président de la République. Des surprises ne sont nullement à écarter, même si l'on est en droit de se demander «qui sera le prochain président ?»